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Mémoires d’Hadrien – Fixité et mouvement Dynamiques d’une relation

dimanche 26 janvier 2020 , par Cécile LE CHEVALIER

Introduction

1. l’empereur en mouvement : les lieux et leurs valeurs, 2. antinoüs, l’enfant mobile, 3. le vivant, la mort et le divin, 4. marguerite yourcenar et hadrien.

Cet article, écrit en préparation d’un cours portant sur le programme de 1ère pour l’épreuve anticipée de Français du Baccalauréat 2021, est né d’une résistance particulière du texte des Mémoires d’Hadrien au regard de la problématique du parcours associé à cette œuvre.

Ce parcours s’intitule : « Soi-même comme un autre » . Il pourrait inviter, dans l’œuvre romanesque, à scruter les traces que laissent, inévitablement pense-t-on, l’histoire et la personnalité de l’auteur sur la façon dont sont présentés les personnages et retracés les événements.

Dans les Mémoires d’Hadrien , une première résistance à cet égard provient de la richesse et de la précision documentaire du texte de Marguerite Yourcenar. Solidement étayée par une parfaite maîtrise des sources historiques, associée à une connaissance riche et précise de l’époque, des peuples et des personnages évoqués, cette œuvre, plus que de l’ « autobiographie fictive » si souvent mise en avant pour l’expliquer, relève d’une reconstitution historique méticuleuse. Quelle place cette reconstitution laisse-t-elle à l’expression des thématiques propres à l’auteur, à son époque, à son imaginaire ?

La narration à la première personne inviterait à rechercher dans le personnage d’Hadrien les traces d’une subjectivité de Marguerite Yourcenar : cependant, elle fustige cette interprétation dans les Carnets , en des termes sans équivoque : « Grossièreté de ceux qui vous disent : « Hadrien, c’est vous. » » . Il devient donc nécessaire d’approcher l’expression de la subjectivité de l’auteur de façon plus subtile que par la simple identification au personnage narrateur. Dans la suite de cette note, Marguerite Yourcenar inscrit par ailleurs son œuvre dans le contexte de l’ incantation , de l’invocation quasi-magique des personnages du passé , invitant presque à s’en laisser posséder  : 

Le sorcier qui se taillade le pouce au moment d’évoquer les ombres sait qu’elles n’obéiront à son appel que parce qu’elles lapent son propre sang. Il sait aussi, ou devrait savoir, que les voix qui lui parlent sont plus sages et plus dignes d’attention que ses propres cris.

Pour arriver à une appréhension plus subtile de l’expression de sa subjectivité dans les Mémoires d’Hadrien , il nous a paru justifié, et utile, de tenter de dégager un fonctionnement esthétique et un imaginaire de cette œuvre. Ce faisant, nous nous sommes peu à peu défaits d’une lecture uniquement historique de ce texte si historiquement renseigné. Nous nous sommes éloignés de son interprétation comme témoignage, encore plus de son interprétation comme autobiographie, fût-elle fictive.

Dans cet article, c’est ce trajet, cette prise de distance et, finalement, cette meilleure appréhension de l’œuvre au regard de la thématique posée, que nous avons voulu présenter.

En guise de point de départ, nous avons simplement commencé par considérer les différents lieux géographiques mentionnés, et leur organisation ; cela nous a conduit à questionner les caractéristiques et les positionnements des deux principaux personnages : Antinoüs, et Hadrien.

Dressée en s’appuyant uniquement sur les témoignages historiques, et consultable en ligne , la carte des voyages d’Hadrien  [ 2 ] fait ressortir trois grandes « époques » : 

  • celle de la jeunesse et de la formation militaire, en 117-118 , avec principalement la Syrie et les régions bordant le Danube ;
  • celle de la rencontre avec Antinoüs et des premiers voyages avec lui, en 121-126  : de Syrie, Hadrien se rend en Bithynie, puis, avec Antinoüs, en Thrace, dans l’actuelle Turquie, en Grèce, en Sicile, en Germanie, et monte jusqu’en « Bretagne » avant de redescendre par Nîmes et l’Espagne ;
  • entre 127 et 138 , celle des voyages en Afrique et en Égypte, avec, après la mort d’Antinoüs, un long retour par l’Asie Mineure et la Grèce.

Alexandre Grandazzi, dans sa conférence «  Les Mémoires d’Hadrien et l’Histoire  », présente une chronologie détaillée de la carrière d’Hadrien, et notamment de ses voyages, en identifiant entre autres :

  • de 121 à 125 , une période « gauloise » ;
  • de 123 à 128 , une période centrée sur la Grèce, l’Asie Mineure, avec aussi l’escalade de l’Etna ;
  • de 128 à 134 , le dernier voyage, de cinq ans, qui conduit Hadrien en Orient, et durant lequel Antinoüs trouve la mort.

Revenu à Rome, Hadrien adopte un mode de vie beaucoup plus sédentaire et limite ses déplacements.

Quelque longs et riches en détours que soient les itinéraires de ces trois grands voyages, ils apparaissent, sur la carte, marqués par une certaine continuité : il s’agit de lignes ou de boucles qui suivent les bords de la Méditerranée, mais repassent très peu par Rome.

Pour un mathématicien ou un sociologue, cette première carte pourrait s’analyser comme un graphe  [ 3 ] , c’est-à-dire comme un schéma des relations que les lieux entretiennent les uns avec les autres du point de vue d’Hadrien. De ce point de vue, certains lieux, vers lesquels les trajectoires convergent plus souvent, auraient pour Hadrien une importance plus marquée que les autres. Rome, Athènes, Antioche, Jérusalem, Alexandrie constituent ainsi des points de passage récurrents dans la vie d’Hadrien.

Lorsque l’on compte les lignes  [ 4 ] qui partent des villes  [ 5 ] ou y aboutissent  [ 6 ] , on constate qu’ Athènes , avec 8 lignes, obtient un score légèrement supérieur à celui de Rome (7 lignes) : dans la période des voyages, Athènes constitue un point de passage légèrement plus important que Rome pour l’empereur. Antioche, Jérusalem et Alexandrie arrivent en troisième, avec 4 lignes pour chacune.

Cette appréhension des déplacements d’Hadrien se modifie considérablement lorsqu’elle est réalisée à travers la lecture des Mémoires , toujours sous forme de graphe .

Pour réaliser ce graphe, nous sommes partis d’une carte de l’Empire romain en 125 ap. J.-C. (au commencement du règne d’Hadrien)  [ 7 ] . : 

introduction dissertation memoires d'hadrien

Le résultat est un graphe dans lequel les flèches représentent les trajets d’Hadrien  [ 8 ]  : 

introduction dissertation memoires d'hadrien

Dans les Mémoires , le découpage des voyages en périodes n’est plus le même : ceux de la jeunesse sont évoqués dans « Varius multiplex multiformis » et « Tellus stabilita » , avec davantage de détails et un déplacement jusqu’en Germanie lors de l’accession de Trajan au statut d’empereur. En revanche, les deux voyages avec Antinoüs se trouvent ramassés en un seul, dans « Sæculum aureum » . Après le retour d’Hadrien à Rome, intervient un dernier déplacement, en Judée, qui n’apparaît pas sur la carte de Thorsten Opper.

Les allers-retours entre les différentes « provinces » et Rome sont beaucoup plus denses, faisant de cette capitale, quoi qu’en dise Hadrien, le grand centre géographique de son existence. D’autres « centres », moins importants mais nettement repérables, apparaissent : Athènes, Antioche, et, dans une moindre mesure, Sarmizégéthuse… On s’aperçoit que l’Égypte, si étroitement associée à Antinoüs dans l’imaginaire, n’a été visitée qu’une seule fois, et ne se trouve sur le chemin d’aucun autre lieu. Sur la carte, elle agit comme un cul-de-sac.

La période passée aux côtés d’Antinoüs se caractérise par une série de déplacements extrêmement diffus , organisés autour de la Grèce . Rédigeant ses Mémoires , Hadrien mentionne alors une série de lieux liés à cette région, sans qu’il soit toujours possible d’attribuer un ordre chronologique à leur visite, ce qui condamne le graphe à rester imprécis :  Athènes et Éleusis , bien sûr, mais également Dodone , Rhodes , Smyrne , Délos … cette série de points crée un nouveau centre sur la carte, mais il s’agit d’un centre en perpétuel mouvement , bien éloigné de la solide fixité de Rome.

Cette analyse de l’importance relative de Rome et de la Grèce, de la fixité liée à l’une et de la mobilité liée à l’autre, est confirmée par un rapide décompte lexicographique , effectué ici à l’aide de l’application Kindle  [ 9 ] . Dans le texte des Mémoires d’Hadrien , le nom « Rome » apparaît 160 fois, le nom « Italie », 9 fois, le nom « Baies », 6 fois. Le nom « Athènes » est utilisé 27 fois, et le nom « Grèce », 108 fois. Marguerite Yourcenar utilise 8 fois le terme « Éleusis », 5 fois celui de « Mantinée ». À cela s’ajoutent une ou deux mentions des autres villes grecques indiquées sur le graphe. En tout, on compte donc 175 mentions de l’Italie , contre un peu plus de 148 de la Grèce , le roman brossant le portrait d’un Hadrien en tension entre l’Italie, centre névralgique – au moins symbolique – du pouvoir, et la Grèce, sa terre de culture et terre de cœur. À titre de comparaison, Antioche est mentionnée 7 fois, Sarmizégéthuse, 4 fois, Alexandrie, 6 fois.

De retour à Rome après la mort de son favori, Hadrien, dans les Mémoires , n’en bouge pratiquement plus, sinon pour aller régler les problèmes en Judée à la fin de sa vie. Les épisodes grecs et égyptiens en sont-ils définitivement clos pour autant ? Hadrien nous livre lui-même la réponse au début du roman : 

Quinze ans aux armées ont duré moins qu’un matin d’Athènes  ; il y a des gens que j’ai fréquentés toute ma vie et que je ne reconnaîtrai pas aux Enfers. Les plans de l’espace se chevauchent aussi : l’Égypte et la vallée de Tempé sont toutes proches , et je ne suis pas toujours à Tibur quand j’y suis.

Empereur en mouvement, Hadrien est aussi celui qui modèle les lieux et génère le changement  : modification des paysages urbains, mais aussi des dynamiques régionales, par la création de nouveaux centres.

Plotinopolis, Andrinople, Antinoé, Hadrianothères... J’ai multiplié le plus possible ces ruches de l’abeille humaine .

Chargées d’une valeur affective, ces nouvelles villes n’en répondent pas moins à des objectifs militaires ou économiques.

Plotinopolis est due au besoin d’établir en Thrace de nouveaux comptoirs agricoles […]. Hadrianothères est destinée à servir d’emporium aux forestiers d’Asie Mineure  […]. Hadrianople en Épire rouvre un centre urbain au sein d’une province appauvrie  : elle sort d’une visite au sanctuaire de Dodone. Andrinople , ville paysanne et militaire, centre stratégique à l’orée des régions barbares , est peuplée de vétérans des guerres sarmates ; je connais personnellement le fort et le faible de chacun de ces hommes, leurs noms, le nombre de leurs années de service et de leurs blessures. Antinoé , la plus chère, née sur l’emplacement du malheur, est comprimée sur une étroite bande de terre aride, entre le fleuve et le rocher. Je n’en tenais que plus à l’enrichir d’autres ressources, le commerce de l’Inde, les transports fluviaux, les grâces savantes d’une métropole grecque.

Antinoé elle-même, au-delà de la célébration du mort, a un rôle géopolitique à jouer en Égypte :

Antinoé allait naître : ce serait déjà vaincre la mort que d’imposer à cette terre sinistre une cité toute grecque, un bastion qui tiendrait en respect les nomades de l’Érythrée, un nouveau marché sur la route de l’Inde.

Si Hadrien fait naître et s’épanouir les villes, il sait aussi les mettre en concurrence pour affaiblir une cité qu’il juge trop arrogante, comme Antioche : 

Je songeai un moment à accroître au détriment de l’arrogante capitale syrienne l’importance de Smyrne ou de Pergame ; mais les défauts d’Antioche sont inhérents à toute métropole : aucune de ces grandes villes n’en peut être exempte.

Cette faculté d’engendrer le changement culmine à l’orée de la mort de l’empereur, avec l’ implantation réussie du culte d’Antinoüs dans la plupart des peuples qui composent l’Empire : comme le note Hadrien, « Le culte d’Antinoüs semblait la plus folle de [ses] entreprises, le débordement d’une douleur qui ne concernait que [lui] seul »  ; pourtant, dans le chapitre « Patientia »  [ 10 ] , il constate que désormais implantée à Delphes, Éleusis, en Arcadie et jusqu’en Asie, « la jeune figure [lui] échappe ; elle cède aux aspirations des cœurs simples : par un de ces rétablissements inhérents à la nature des choses, l’éphèbe sombre et délicieux est devenu pour la piété populaire l’appui des faibles et des pauvres, le consolateur des enfants morts » . Créé à l’initiative de l’empereur dans des conditions difficiles, le nouveau dieu a pris sa place dans le panthéon universel.

D’abord personnage en mouvement, Hadrien devient donc finalement, dans le roman, celui dont émane ce mouvement, mouvement physique des peuples mais également mouvement de leurs âmes qui s’emparent du culte d’Antinoüs pour le diffuser jusqu’aux limites de l’Empire. De ce qui, pour l’Hadrien réel, demeure lié à l’exercice du pouvoir  [ 11 ] , on passe, avec le personnage de Yourcenar, à une qualité intrinsèque, relevant d’une alchimie plus secrète.

Les élèves et le professeur qui rapprocheraient cet aspect d’Hadrien d’autres œuvres de Marguerite Yourcenar, comme par exemple les Nouvelles orientales , tiendraient là un axe de lecture qui mènerait peut-être tout autant à la vie de l’auteur qu’à celle du véritable Hadrien.

À ce mouvement, font écho, chez le jeune homme, la transformation physique et ce perpétuel changement de la forme qu’Hadrien essaie de capter dans la statuaire : 

J’eus d’abord à cœur de faire enregistrer par la statuaire la beauté successive d’une forme qui change  ; l’art devint ensuite une sorte d’opération magique capable d’évoquer un visage perdu.

De façon générale, ce qui caractérise le mieux Antinoüs vivant dans le roman est le mouvement  :  « Comme d’ordinaire Antinoüs allait et venait silencieusement dans la pièce » (emplacement 2491 / p. 215). Silencieux, il accompagne Hadrien comme un « génie familier »  :  « Sa présence était extraordinairement silencieuse : il m’a suivi comme un animal ou comme un génie familier » (emplacement 1941 / p. 170). Dans cette présence diffuse et familière, dans sa dimension de « dieu personnel » d’Hadrien, il se rapproche du δαίμων des Grecs — à une différence près : alors que le δαίμων de Socrate l’avertit des dangers, « ni cet enfant ni moi nous n’étions sages » , nous révèle l’Hadrien des Mémoires .

Mouvement du corps, il est aussi mouvement de la forme, et mouvement de la mémoire qui cherche à la reconstituer :

Il y a les statues et les peintures du jeune vivant , celles qui reflètent ce paysage immense et changeant qui va de la quinzième à la vingtième année : le profil sérieux de l’enfant sage.
Les figures que nous cherchons désespérément nous échappent  : ce n’est jamais qu’un moment... Je retrouve une tête inclinée sous une chevelure nocturne, des yeux que l’allongement des paupières faisait paraître obliques, un jeune visage large et comme couché. Ce tendre corps s’est modifié sans cesse, à la façon d’une plante , et quelques-unes de ces altérations sont imputables au temps. L’enfant a changé  ; il a grandi. Il suffisait pour l’amollir d’une semaine d’indolence ; une après-midi de chasse lui rendait sa fermeté, sa vitesse athlétique. Une heure de soleil le faisait passer de la couleur du jasmin à celle du miel. Les jambes un peu lourdes du poulain se sont allongées ; la joue a perdu sa délicate rondeur d’enfance, s’est légèrement creusée sous la pommette saillante ; le thorax gonflé d’air du jeune coureur au long stade a pris les courbes lisses et polies d’une gorge de Bacchante. La moue boudeuse des lèvres s’est chargée d’une amertume ardente, d’une satiété triste. En vérité, ce visage changeait comme si nuit et jour je l’avais sculpté .

Dans cette dernière citation, on relève, pour le mouvement de la forme, la profusion des verbes de métamorphose, souvent à la voie pronominale : « s’est modifié » , « le faisait passer » , « se sont allongées » , « a perdu » , « s’est creusée » , « a pris » , « s’est chargée » … Le travail complexe de la mémoire, quant à lui, est perceptible dans l’éclatement des détails, difficiles à rassembler en une forme unique et figée : « une tête » , « une chevelure » , « des yeux » , « un jeune visage » …

Bien sûr, le mouvement « intérieur », qui s’inscrit dans le corps, s’accompagne d’un mouvement « extérieur » , inscrit, lui, dans l’espace  :  « Il m’accompagna par la suite dans tous mes voyages, et quelques années fabuleuses commencèrent » (emplacement 1937 / p. 170).

Il est « l’enfant aux jambes dansantes » (emplacement 2060 / p. 179) qui gravit sans effort les pentes de l’Etna, le compagnon de chasse qui tour à tour se fait « l’enfant zélé qui se jet[te] de cheval, aux haltes, pour m’offrir l’eau des sources puisée dans ses paumes » (emplacement 2169 / p. 188), ou le chasseur fougueux qui « press[e] imprudemment son cheval, lan[ce] sa pique, puis ses deux javelots, avec art, mais de trop près » (emplacement 2361 / p. 204). C’est un « bon nageur » (emplacement 2613 / p. 223).

Comme Hadrien, il pratique la musique  : 

J’apercevais entre les cordes le profil de mon jeune compagnon, sagement occupé à tenir sa partie dans l’ensemble, et ses doigts bougeant avec soin le long des fils tendus.

Mais aussi, et surtout, la danse , et le chant : 

Il y eut une course de chevaux improvisée dans la plaine, des danses auxquelles le Bithynien prit part avec une grâce fougueuse  ; un peu plus tard, au bord du dernier feu, rejetant en arrière sa belle gorge robuste, il chanta.

À la mort, par contraste, le corps inerte du jeune homme prend « un poids de pierre »  : 

Je descendis les marches glissantes : il était couché au fond, déjà enlisé par la boue du fleuve. Avec l’aide de Chabrias, je réussis à soulever le corps qui pesait soudain d’un poids de pierre .

Dans son roman, Marguerite Yourcenar retient, pour expliquer la mort d’Antinoüs, l’hypothèse d’un suicide rituel destiné à protéger Hadrien. Mais ne doit-on pas rapprocher cette mort qui donne au corps le poids d’une pierre, de la profusion d’autres morts par lesquelles l’empereur a tant de fois tenté de figer la forme changeante de ce corps dans la pierre ? On se rapprocherait alors du mot d’Oscar Wilde : « Yet each man kills the thing he loves »  [ 12 ] .

Par la suite, Antinoüs est embaumé et momifié , et Hadrien, littéralement amené à « [tenir] [son] cœur entre [ses] mains » (emplacement 2512 / p. 216). Notons, au sujet de cet épisode, que comme la plupart des passages faisant intervenir un mysticisme un peu sanguinolent, il n’est mentionné par aucune source historique, et relève donc de l’imagination de Marguerite Yourcenar  [ 13 ] . Son ensevelissement dans la caverne se conclut par ces mots : « Il entrait dans cette durée sans air, sans lumière, sans saisons et sans fin , auprès de laquelle toute vie semble brève ; il avait atteint cette stabilité , peut-être ce calme » (emplacement 2673 / p. 229).

Le jeune homme ne retrouvera sa mobilité, dans l’esprit d’Hadrien, qu’au terme d’un long itinéraire psychologique, dans la partie « Patientia » , lorsqu’il prend le rôle de celui qui accompagne les morts. Il devient alors le Cavalier Thrace, et l’on connaît les vertus psychopompes  [ 14 ] du cheval dans l’imaginaire occidental  [ 15 ]  :

À l’orée des pays barbares, le compagnon de mes chasses et de mes voyages a pris l’aspect du Cavalier Thrace, du mystérieux passant qui chevauche dans les halliers au clair de lune, emportant les âmes dans un pli de son manteau .

Ce qui rend Antinoüs intéressant dans sa fonction psychopompe, est qu’il devient l’ intermédiaire entre deux lieux , entre le monde des morts et celui des vivants. De ce rôle de passeur entre les mondes, il évolue sans peine vers celui d’intermédiaire entre les sens et l’âme :

À Delphes, l’enfant est devenu l’Hermès gardien du seuil , maître des passages obscurs qui mènent chez les ombres. Éleusis, où son âge et sa qualité d’étranger lui avaient interdit autrefois d’être initié à mes côtés, en fait le jeune Bacchus des Mystères, prince des régions limitrophes entre les sens et l’âme .

Mais ne jouait-il pas déjà ce rôle de passeur de son vivant, seul repère fixe d’Hadrien d’un lieu à l’autre à travers les voyages, et peut-être finalement le seul à avoir touché son âme au-delà des sens ?

Par opposition à Antinoüs, Hadrien, quoique « varius multiplex multiformis » dans ses jeunes années, se caractérise par une certaine stabilité intérieure . En tant que personnage, sa problématique est moins liée à une identité en mouvement qu’à la difficulté d’advenir à soi-même :

En ce qui me concerne, j’étais à peu près à vingt ans ce que je suis aujourd’hui, mais je l’étais sans consistance .

À l’orée de la mort, les différents personnages qui l’ont successivement incarné : « l’enfant robuste » , « l’officier ambitieux » , « l’homme qui hurlait sur la poitrine d’un mort » , coexistent encore dans son âme ; à travers ces identités multiples, disparates et parfois presque contradictoires, subsiste toutefois une « force » unique, identique, inchangée :

Je suis ce que j’étais ; je meurs sans changer . […] Cette force qui fut moi semble encore capable d’instrumenter plusieurs autres vies, de soulever des mondes. Si quelques siècles venaient par miracle s’ajouter au peu de jours qui me restent, je referais les mêmes choses, et jusqu’aux mêmes erreurs, je fréquenterais les mêmes Olympes et les mêmes Enfers .

En tant qu’empereur, il a pris le contrepied de ses prédécesseurs, a interrompu la politique de conquête, et s’est attaché à stabiliser l’intérieur de l’Empire . Pour cela, il a notamment agi sur les droits des différentes couches de la population, par le biais de différentes lois, par exemple celles concernant les esclaves  [ 16 ] . Entre ses mains, l’empire romain ne s’étend pas, mais évolue en mieux. Il s’agit précisément du même mouvement que celui qui anime son être intérieur :  advenir à une réalisation plus complète, plus équilibrée et plus pure .

Un élément vient toutefois questionner ce mouvement :  le statut de dieu , qui certes, lui est imposé de l’extérieur  [ 17 ] , mais qu’il déclare à plusieurs reprises assumer, de manières toutefois légèrement différentes.

En premier lieu, le divin découle pour lui de l’ entier accomplissement de ses caractéristiques humaines  : 

À quarante-quatre ans, je me sentais sans impatience, sûr de moi, aussi parfait que me le permettait ma nature, éternel. Et comprends bien qu’il s’agit là d’une conception de l’intellect : les délires, s’il faut leur donner ce nom, vinrent plus tard. J’étais dieu, tout simplement, parce que j’étais homme.

Il correspond à une forme d’ exaltation du moi , par laquelle Hadrien s’identifie à Zeus :

Quelque temps plus tôt, au cours d’une escale en Sardaigne, un orage nous fit chercher refuge dans une cabane de paysans ; Antinoüs aida notre hôte à retourner une couple de tranches de thon sur la braise ; je me crus Zeus visitant Philémon en compagnie d’Hermès .

Mais c’est la présence, et l’action, d’Antinoüs, qui permettent cette identification d’Hadrien au maître du ciel. À la mort du jeune homme, ce Zeus rayonnant s’effondre :

Le Zeus Olympien, le Maître de Tout, le Sauveur du Monde s’effondrèrent, et il n’y eut plus qu’un homme à cheveux gris sanglotant sur le pont d’une barque .

Ici, Hadrien n’était finalement Zeus qu’en tant que membre du couple Hadrien-Antinoüs, auquel se superposait le duo formé, dans la légende de Philémon et Baucis, par Zeus et Hermès. La disparition d’un membre du couple entraîne la disparition du couple entier, et, partant, la fin de l’identification.

Dans la vieillesse, le statut divin, rendu en apparence caduc par la maladie, trouve cependant un renouveau et une force nouvelle en échappant à l’empereur pour être porté par ce qui n’est même plus sa réputation, mais qui commence à relever de la légende  :

Comme au temps de mon bonheur, ils me croient dieu ; ils continuent à me donner ce titre au moment même où ils offrent au ciel des sacrifices pour le rétablissement de la Santé Auguste . [Des] prodiges se sont produits ; des malades disent m’avoir vu dans leurs rêves, comme les pèlerins d’Épidaure voient Esculape en songe ; ils prétendent s’être réveillés guéris, ou du moins soulagés. Je ne souris pas du contraste entre mes pouvoirs de thaumaturge et mon mal ; j’accepte ces nouveaux privilèges avec gravité. […] Phlégon m’a lu dernièrement l’œuvre d’un Juif d’Alexandrie qui lui aussi m’attribue des pouvoirs plus qu’humains ; j’ai accueilli sans sarcasmes cette description du prince aux cheveux gris qu’on vit aller et venir sur toutes les routes de la terre, s’enfonçant parmi les trésors des mines, réveillant les forces génératrices du sol, établissant partout la prospérité et la paix, de l’initié qui a relevé les lieux saints de toutes les races, du connaisseur en arts magiques, du voyant qui plaça un enfant au ciel. […] je m’émerveille d’être à la longue devenu pour certains yeux ce que je souhaitais d’être , et que cette réussite soit faite de si peu de chose.

Hadrien participe alors de sa propre divinisation, mais sur un pied d’égalité avec le peuple, en l’acceptant avec simplicité et sérieux, et en reconnaissant dans sa légende l’image de ce qu’il a voulu être. En un sens, il accepte également de lâcher prise, et de laisser cette légende libre de vivre sa vie propre : il y a dans ce mouvement une forme de renoncement à agir davantage sur le monde, et sur soi-même.

Le moment n’est plus à l’exaltation d’un soi rayonnant, mais à la reconnaissance de la légende que l’on a voulu créer . L’identification de l’empereur ne se fait plus à Jupiter ou à Zeus, mais à Mars ou même à Pluton :

ils ne me comparent plus comme autrefois au Zeus rayonnant et calme, mais au Mars Gradivus , dieu des longues campagnes et de l’austère discipline, au grave Numa inspiré des dieux ; dans ces derniers temps, ce visage pâle et défait, ces yeux fixes, ce grand corps raidi par un effort de volonté leur rappellent Pluton , dieu des ombres.

Cette évolution est à rapprocher de celle d’Antinoüs, dieu personnel d’Hadrien de son vivant, dieu de tous après sa mort. Ainsi, la divinisation semble préparer l’ entrée dans la mort , et confère une vie éternelle .

Mais comment l’approche de cette mort est-elle vécue et, finalement, acceptée ?

La fin de la vie d’Hadrien, marquée par la maladie, l’est aussi par une relation plus difficile avec son corps . Ce thème apparaît dès le premier chapitre, dans « Animula vagula blandula » ( « Ce matin, l’idée m’est venue pour la première fois que mon corps, ce fidèle compagnon, cet ami plus sûr, mieux connu de moi que mon âme, n’est qu’un monstre sournois qui finira par dévorer son maître  » – emplacement 32 / p. 11), puis revient avec force dans le milieu de « Disciplina augusta », lors de la première crise d’hydropisie du cœur.

Alors envisagée avec terreur  [ 18 ] , la mort est progressivement acceptée par Hadrien à partir du moment où il prend connaissance de la lettre d’Arrien .

Mais que fait cette lettre ?

D’une part, elle lui apporte une reconnaissance , qu’il n’espérait plus, de la nature de son amour pour Antinoüs ; Arrien y reconnaît la qualité des amours héroïques, par exemple de celui d’Achille pour Patrocle, et lui « ouvre le profond empyrée des héros et des amis » , conférant un sens à son existence comme à son désespoir : 

il fait plus : il m’offre un don nécessaire pour mourir en paix ; il me renvoie une image de ma vie telle que j’aurais voulu qu’elle fût . […] Vue par lui, l’aventure de mon existence prend un sens, s’organise comme dans un poème  ; l’unique tendresse  [ 19 ] se dégage du remords, de l’impatience, des manies tristes comme d’autant de fumées, d’autant de poussières ; la douleur se décante  ; le désespoir devient pur .

D’autre part, elle apporte à Hadrien le lieu , intérieur, où il pourra mourir en paix . Jusqu’à sa lecture, ce lieu de la mort est, pour l’empereur vieillissant, source d’angoisse ou d’insatisfaction :

Durant les soupers de Tibur, je redoutais de faire à mes invités l’impolitesse d’un soudain départ ; j’avais peur de mourir au bain, ou dans de jeunes bras.

Parasitée par les souffrances du corps, son âme ne trouve la paix dans aucun lieu réel  : 

Ma chambre secrète au centre d’un bassin de la Villa n’est pas un refuge assez intérieur : j’y traîne ce corps vieilli  ; j’y souffre.

Le sentiment de l’échec qui ne le quitte pas réduit tous les lieux de sa mémoire à trois endroits pour lui néfastes : 

[…] ces lieux si chers sont trop souvent associés aux prémisses d’une erreur, d’un mécompte, de quelque échec connu de moi seul : dans mes mauvais moments, tous mes chemins d’homme heureux semblent mener en Égypte, dans une chambre de Baies, ou en Palestine .

La vieillesse et la maladie contaminent jusqu’à ses souvenirs , lui interdisant de s’y réfugier pour trouver la paix : 

[…] la fatigue de mon corps se communique à ma mémoire ; l’image des escaliers de l’Acropole est presque insupportable à un homme qui suffoque en montant les marches du jardin ; le soleil de juillet sur le terre-plein de Lambèse m’accable comme si j’y exposais aujourd’hui ma tête nue .

Par sa lettre, Arrien le sauve en lui prêtant un corps jeune et les sensations dénuées de souffrance qui lui sont liées  : 

Arrien m’offre mieux. À Tibur, du sein d’un mois de mai brûlant, j’écoute sur les plages de l’île d’Achille la longue plainte des vagues ; j’aspire son air pur et froid ; j’erre sans effort sur le parvis du temple baigné d’humidité marine ; j’aperçois Patrocle... Ce lieu que je ne verrai jamais devient ma secrète résidence, mon suprême asile. J’y serai sans doute au moment de ma mort.

Il est intéressant de constater que ce lieu où il peut attendre la mort est précisément le seul , parmi tous ceux qu’il mentionne, dans lequel il ne s’est jamais rendu physiquement . De façon non moins intéressante, on s’aperçoit, en reprenant le roman et l’analyse par le graphe, qu’à partir de sa rencontre avec Antinoüs, il a reparcouru la plupart des lieux qu’il avait visités avant de faire sa connaissance : tous les lieux d’Hadrien sont étroitement associés à Antinoüs, et la villa qu’il a fait construire, remplie des statues du jeune homme, l’est peut-être encore plus que tous les autres, bien qu’il n’ait commencé à y vivre réellement qu’après sa mort.

Dans ce lieu offert par Arrien, Hadrien retrouve une projection du couple qu’il formait avec Antinoüs, mais dans cette projection les deux éléments du couple, Achille et Patrocle  [ 20 ] , sont encore bien vivants. Pour accepter la mort, sa mort, une mort qui sera somme toute naturelle, le vieil homme a besoin de reconstruire un endroit où l’impensable n’a pas eu lieu, et où l’enfant est toujours vivant.

Une fois ce lieu trouvé, Hadrien va pouvoir accepter la mort  : cela se manifestera d’abord par la volonté d’en finir en suicidant, c’est encore la marque d’une certaine forme de souffrance, du corps comme de l’âme ; puis par l’acceptation de l’agonie qui lui est réservée, dans laquelle il trouve finalement une forme de paix, et de l’âme, et du corps.

Dans ce livre, tout est observé, et raconté, du point de vue de l’empereur sur le point de mourir : la méditation sur la mort est donc omniprésente, y compris, par anticipation, dans les parties relatant la vie d’Hadrien avant même qu’il ne fasse la connaissance d’Antinoüs  [ 21 ] .

Nous cherchions, dans l’introduction, quelle était la nature exacte de la relation entre Marguerite Yourcenar et son personnage, Hadrien. Les Carnets nous avaient alors mis sur la piste, non d’une projection , mais plutôt d’une incantation proche de la possession . Il s’agit, en quelque sorte, de convoquer un spectre, et de lui laisser la parole :

Un pied dans l’érudition, l’autre dans la magie, ou plus exactement, et sans métaphore, dans cette magie sympathique qui consiste à se transporter en pensée à l’intérieur de quelqu’un  [ 22 ] .

Cet exercice lui vient de son père : 

[…] il m’a donné le premier le goût de l’exactitude et de la vérité. Il aimait qu’on sache exactement ce qu’on savait, il aimait qu’on jugeât lentement un livre, si on lisait ensemble je ne sais quoi, une pièce d’Ibsen par exemple, il voulait qu’on se mette exactement à la place des personnages, qu’on n’y mélangeât pas ses propres sentiments .

Un père assez différent du portrait qu’elle trace d’Hadrien, sans doute  [ 23 ] . À la question « Mais, avec vous, comment était-il ? » , elle répond, de façon quelque peu surprenante : 

Il était très bien, c’était à peine un père . Un monsieur plus âgé que moi […] avec lequel on se promenait pendant des heures en parlant de philosophie grecque ou de Shakespeare […], un ami avec lequel on visitait des églises, des champs de fouilles […] et qui, par moments, avait l’air d’un vieux vagabond, à la fin de sa vie, assis sur la route avec un couteau, mangeant son sandwich.

Avec lui, elle se trouve très vite à « égalité » , sa « contemporaine » , pour reprendre le terme de Mathieu Galey : « Nous nous sentions égaux à partir de treize ans, peut-être, puisque l’âge ne comptait pas pour moi » ( Les Yeux ouverts - Entretiens avec Mathieu Galey , 1980, p. 25). Treize ans, l’âge approximatif d’Antinoüs lorsqu’il rencontre Hadrien. L’ « égalité » entre deux personnes de générations différentes, les expressions par lesquelles elle désigne son père (  « un monsieur plus âgé » , « un ami » ), ne sont pas sans évoquer certains aspects de la relation entre les deux personnages.

En approfondissant les recherches, on s’aperçoit rapidement que le « jeu » de la substitution auquel se livraient le père et la fille ne se limitait pas à se glisser dans la peau d’un personnage fictif. Il a connu des prolongements beaucoup plus poussés. Josyane Savigneau rappelle ainsi que « Michel de Crayencour n’a pas craint d’entreprendre des démarches, sous la signature de sa fille, auprès d’une maison d’édition pour que soient publiés les premiers écrits de Marguerite » . Elle explique ensuite, à propos du conte intitulé Le Premier soir  :

Le premier soir […] présente […] un intérêt plus directement biographique. On peut le considérer comme le point ultime du jeu entre le père et la fille, puisqu’il s’agit d’un texte écrit par le premier, revu et publié par la seconde. On sait combien tous deux aimaient cette ambiguïté, ce mystérieux plaisir de la substitution, signe d’une singulière intimité et d’une fascination réciproques .

Apportant des précisions au sujet de cette publication « à quatre mains », proposée alors qu’elle écrivait son premier roman, Alexis ou le Traité du vain combat , Marguerite Yourcenar insiste sur la différence d’âge entre les deux personnages du conte ( « Sa très jeune compagne attendrissait Georges par sa fraîcheur ingénue » ), avant d’expliquer : 

Le jeu me tenta. Pas plus que Michel ne s’étonnait de me voir écrire les confidences d’Alexis, il ne trouvait rien d’incongru à mettre sous ma plume cette histoire d’un voyage de noces 1900. Aux yeux de cet homme qui répétait sans cesse que rien d’humain ne devait nous être étranger, l’âge et le sexe n’étaient en matière de création littéraire que des contingences secondaires. Des problèmes qui plus tard allaient laisser mes critiques perplexes ne se posaient pas pour lui. 

Alexis est publié en 1929, l’année de la mort de son père. Dans Les Yeux ouverts , Mathieu Galey précise :  « On a retrouvé chez Grasset une lettre de vous, des années 29-30, proposant à l’éditeur un « roman sur Antinoüs » »    [ 24 ] . Antinoüs, qui, dans les Mémoires , est orphelin.

Dans les Carnets , elle met, de façon toujours plus surprenante, son père et Hadrien en relation :

Tout nous échappe, et tous, et nous-mêmes. La vie de mon père m’est plus inconnue que celle d’Hadrien .

Le père de Marguerite était « à peine un père » , mais comme le précise Pylade dans Électre ou la chute des masques , « On choisit son père plus souvent qu’on ne pense » ( Électre ou la chute des masques , II, 4).

Le travail de l’écrivain, en particulier celui de Marguerite Yourcenar, qui plus est dans les Mémoires d’Hadrien , est naturellement bien loin de se limiter à une projection pure et simple sur l’un des personnages. Mais si projection il y a, ne s’agirait-il pas, plutôt, en partie, d’une projection du père, ou plus exactement de la relation au père , sur Hadrien ? Ou de la re-création, en Hadrien, d’un père idéalisé  : n’est-il pas étrange, cet empereur qui « n’[a] pas d’enfants, et ne le regrette pas » (emplacement 3195 / p. 273), mais qui finit par adopter des successeurs sur deux générations ? Cet amant passionné, exalté par les progrès de la croissance de son compagnon, mais qui s’obstine à le désigner comme « l’enfant » , y compris lorsqu’il atteint pratiquement une vingtaine d’années  [ 25 ]  ?

Encore une fois, il ne s’agit pas, et il ne peut s’agir, dans une œuvre aussi étayée historiquement, d’une projection simple. Hadrien, Antinoüs, leur relation même conservent dans les Mémoires des spécificités qui ne peuvent relever d’une relation parent-enfant. Père, ou grand-père, Hadrien l’est peut-être davantage vis-à-vis d’Antonin et de Marc. Mais si l’invocation d’Hadrien doit se lire comme un hommage, peut-être est-elle tout autant, dans sa méthode même, un hommage au père qu’à l’empereur. À la lumière de ces considérations, on comprend en tout cas peut-être un peu mieux de quelle « grossièreté » font preuve ceux qui assimilent Marguerite Yourcenar à Hadrien.

Comment aborder le parcours « Soi-même comme un autre » à partir de ces Mémoires  ? On a vu dans cet article que la démarche la plus adaptée ne consistait pas, dans le cas de Marguerite Yourcenar, à rechercher une quelconque projection de l’auteur sur le personnage narrateur. Les pistes qu’elle nous donne, en revanche, nous invitent à analyser son travail de création, ou de re-création, comme invocation dans laquelle le « je » de l’écrivain s’efface pour laisser place à celui du personnage. En ce sens, son œuvre relève d’un type particulier de célébration . À travers le parcours « Soi-même comme un autre », ne faut-il pas alors chercher dans quelle mesure, à travers le travail littéraire, l’auteur laisse place à l’autre pour le célébrer ? De l’incarnation à l’effacement de soi, le spectre est vaste, et laisse la place à des approches variées.

Logo : portrait d’Antinoüs couronné, représentation d’inspiration hellénistique, marbre, fin du règne d’Hadrien (130-138 ap. J.-C.). Museo Nazionale Romano.

  • Interprétation
  • Antiquité romaine
  • GEP Lettres

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  • Cours : Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar

Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar Cours

Réflexions sur « soi-même comme un autre ».

L'expression « Soi-même comme un autre » renvoie au titre d'un essai du philosophe Paul Ricœur publié en 1990. Il reprend une expression d'Aristote, qui définit l'ami comme un autre soi-même ( allos autos en grec) dans Ethique à Nicomaque . Ricœur inverse le sens des termes en définissant le soi comme un autre . En effet, il étudie la possibilité pour le sujet de s'analyser lui-même comme un autre, de se mettre à distance pour s'observer comme un autre . Cette proposition implique également la possibilité de penser l'autre comme soi-même , c'est-à-dire être capable de se mettre à la place de l'autre pour le comprendre.

Cet intitulé invite à se poser diverses questions  : 

  • Peut-on s'observer et s'analyser soi-même comme un autre ? 
  • Comment parvenir à la juste distance avec soi-même ? 
  • Peut-on se mettre à la place de l'autre pour le considérer comme un autre soi  ? 
  • Quelles voies la littérature de type autobiographique offre-t-elle pour se penser « soi-même comme un autre » ?

L'auteur : Marguerite Yourcenar (1903-1987)

Marguerite Yourcenar

L'œuvre : Mémoires d'Hadrien (1951)

Le roman Mémoires d'Hadrien est le récit, à la première personne, de la vie de l'empereur. Il raconte à celui qui va lui succéder ses mémoires. Si Marguerite Yourcenar se base sur des faits historiques, le roman est toutefois une fiction.

Lors d'un voyage en Italie en 1922, Marguerite Yourcenar visite la villa Hadriana, villa de l'empereur Hadrien, située non loin de Rome. C'est pour elle une véritable « étincelle » et le « point de départ » du roman  Mémoires d'Hadrien  publié près de trente ans plus tard.

Dans les  Carnets de notes de « Mémoires d'Hadrien » , publiés à la suite du roman, Yourcenar relate la genèse du roman :

  • Entre 1924 et 1929, puis entre 1934 et 1937, elle avait ébauché un texte sur Hadrien et fait de longues recherches, très documentées, mais avait finalement renoncé à ce projet. 
  • En 1948, elle reçoit une malle venue de France avec des papiers personnels et retrouve un texte qu'elle avait écrit bien longtemps auparavant qui commençait comme une lettre d'Hadrien adressée à Marc Aurèle. Elle renoue immédiatement avec ce projet, dans l'enthousiasme de l'inspiration créatrice. Le roman est publié en 1951 et connaît un succès immédiat.

Le roman se présente comme une longue lettre adressée à la fin de sa vie par l'empereur Hadrien, empereur romain du II e  siècle ap. J.-C., au jeune Marc Aurèle, son petit-fils adoptif qui deviendra lui-même empereur. 

Hadrien y relate sa vie, insistant sur les heures glorieuses de son règne mais aussi sur les détails intimes de son existence. Il y développe également une réflexion philosophique sur le pouvoir, la passion amoureuse, le temps, la mort, le divin et les mystères. Ainsi cette œuvre s'inscrit-elle à la fois dans le genre du roman historique et dans celui des mémoires fictifs, puisque le texte prend l'apparence de mémoires rédigés par le personnage lui-même.

Le roman est composé de six parties, portant des titres latins :

  • 1 re  partie : « Anima vagula blandula » (Petite âme vagabonde et câline)
  • 2 e  partie : « Varius multiplex multiformis » (Varié, multiple et changeant)
  • 3 e  partie : « Tellus stabilata » (La terre stabilisée)
  • 4 e  partie : « Saeculum aureum » (Le siècle d'or)
  • 5 e  partie : « Disciplina augusta » (Discipline auguste)
  • 6 e  partie : « Patientia » (Patience)

Le roman  Mémoires d'Hadrien  illustre le titre du parcours « Soi-même comme un autre ». En effet, Hadrien se regarde et s'analyse lui-même comme un autre dans ce texte qui s'apparente à une autobiographie ou à des mémoires. Il écrit d'ailleurs à Marc Aurèle : « Je compte sur cet examen des faits pour me définir, me juger peut-être, ou tout au moins pour me mieux connaître avant de mourir. » Le projet de Marguerite Yourcenar consiste également à entrer dans l'intimité d'un autre, à faire le « portrait d'une voix », comme elle l'écrit dans les  Carnets , et par conséquent la démarche de l'auteure vise à concevoir « l'autre comme soi-même ». D'aucuns disent aussi qu'à travers Hadrien, Marguerite Yourcenar s'analyse elle-même dans un autre, ce qu'elle a néanmoins toujours nié.

Textes-clés

Les références renvoient à la pagination de l'édition Folio du roman Mémoires d'Hadrien .

Premier extrait

Le texte étudié se trouve aux pages 29-30, de « Peu à peu » à « qui naissent entre leurs lignes. »

Mouvements du texte :

  • Premier mouvement : de « Peu à peu » à « fait scandale. » : le projet d'Hadrien.
  • Deuxième mouvement : de « Je ne m'attends pas » à « qui naissent entre leurs lignes. » : soi-même comme un autre.

L'essentiel à retenir du texte :

  • La forme épistolaire : Hadrien désigne son propre écrit comme une « lettre » à visée informative. Celle-ci est adressée à un destinataire précis, Marc Aurèle, qui est désigné à la deuxième personne du singulier, donc impliqué dans l'écrit. On apprend que Marc Aurèle a dix-sept ans, qu'il est destiné à succéder à Hadrien. Il est éduqué de manière très stricte pour le bien futur de l'État. La lettre se prolonge, gagne en ampleur, Hadrien rend compte de son expérience à Marc Aurèle pour l'éduquer, comme le montrent les mots « t'instruire », « un correctif ». L'épître prend dès lors une portée édifiante, didactique. Elle a une utilité immédiate puisqu'elle contribue à l'éducation d'un jeune homme.
  • Un pacte autobiographique fictif : Conscient de l'ampleur que prend sa lettre, Hadrien forme un projet plus vaste, celui de « raconter [s]a vie ». Autrement dit, il entame son autobiographie (ou ses « mémoires »). Il a l'intention de raconter ses « souvenirs », mais également de rendre compte de son « expérience » et se livrer à une « méditation ». Hadrien distingue ses mémoires à venir du compte-rendu « officiel » qu'il a rédigé antérieurement. Contrairement à ce compte-rendu destiné au public, cet écrit est privé (puisqu'il s'adresse à un proche), ce qui permet à Hadrien de dire toute la vérité, sans avoir à l'altérer pour satisfaire le jugement du public. Il présente donc dans ce passage un pacte autobiographique, s'engageant à exposer la « vérité ». Ce pacte est bien entendu fictif, puisque Marguerite Yourcenar donne la parole de manière fictive à Hadrien.
  • La connaissance de soi : Au-delà de la visée édifiante, ces mémoires ont surtout pour vocation de permettre au narrateur de « [se] mieux connaître avant de mourir ». Désormais âgé, Hadrien entreprend de porter un regard rétrospectif sur sa propre vie, de se regarder lui-même comme un autre, pour s'étudier et se juger le cas échéant. Au seuil de ces mémoires, il ne sait pas à quelles conclusions il parviendra. Hadrien évoque trois moyens d'accéder à la connaissance de l'homme : l'analyse de soi, l'observation des autres et les livres. En l'occurrence, l'introspection lui semble la méthode la plus efficace, parce que, contrairement aux deux autres, elle ne s'accommode pas de faux-semblants et ne donne pas lieu à des erreurs. C'est donc par ce moyen que l'on peut accéder à la vérité sur soi et sur l'homme.

Deuxième extrait

Le texte étudié se trouve aux pages 163-165, de « Une fois dans ma vie » à « ma part consciente d'immortalité. »

Notes :

  • Osroès : roi parthe avec lequel Hadrien a négocié une paix durable.
  • Tibur : ville antique proche de Rome.
  • Premier mouvement : de « Une fois dans ma vie » à « et bientôt passé » :  la nuit syrienne .
  • Deuxième mouvement : de « J'ai essayé de m'unir au divin » à « ma part consciente d'immortalité. » :  une expérience mystique .
  • Une prose poétique : L'épisode donne lieu à l'une des pages les plus poétiques du roman, et illustre par là ce qu'est la prose poétique de Yourcenar. La situation du narrateur, dans le désert, sous la voûte céleste infinie, dans un état de paix intérieur et d'abandon, souligne la poésie du passage. L'écrivain utilise différents outils littéraires : la description de la lumière nocturne, l'évocation poétique des constellations aux noms allégoriques, les métaphores, le travail sur le rythme des phrases et les sonorités. 
  • La communion avec le cosmos : Le narrateur évoque un moment de solitude et d'abandon total (« abandonnant pour quelques heures », « je me suis livré »). Le silence, la nuit, la sensation que le temps est suspendu lui permettent une observation des astres d'une grande acuité (« les yeux bien ouverts »), au point d'écrire qu'il a « offert aux constellations le sacrifice d'une nuit entière ». Cette observation donne lieu à une communion avec le cosmos, présentée comme un « voyage » : les constellations se balancent dans le ciel nocturne, se déplacent au cours de la nuit et le narrateur semble accompagner leur mouvement. D'ailleurs, cette expérience « inscri[t] en [lui] le mouvement des astres ». C'est donc une expérience à la fois extérieure et intérieure, un moment de fusion avec l'Univers.
  • L'expérience mystique : Hadrien fait l'expérience d'une illumination, au sens propre et figuré, d'une « extase », c'est-à-dire d'un moment où l'être sort de lui-même pour accéder au divin. D'ailleurs il en parle comme d'un moment où il est parvenu à « [s']unir au divin ». Cette expérience mystique lui donne accès à une forme d'« immortalité », comme il l'écrit en conclusion du passage. Il atteint en effet un point de fusion avec l'infini et l'éternel, qui lui permet de vivre intérieurement l'immortalité tout en demeurant mortel, ce qui l'égale au divin. Cette « nuit syrienne » donne lieu à une méditation sur le temps, la finitude, la mort et le mystère que représente l'au-delà de la mort, et annonce la suite du roman, notamment la dernière partie.

Troisième extrait

Le texte étudié se trouve aux pages 310-311, de « La méditation sur la mort » à « soulever des mondes. »

  • « Petite figure boudeuse… » : il s'agit d'Antinoüs, l'amant d'Hadrien, qui s'est suicidé.
  • Parturitions : accouchements.
  • Épicure : philosophe de l'Antiquité, fondateur de l'école épicurienne, qui conçoit la mort comme vide et néant total.
  • Tuf : matériau originel.
  • Premier mouvement : de « La méditation sur la mort » à « le rire d'Epicure. » : méditation sur la mort .
  • Deuxième mouvement : de « J'observe ma fin » à « soulever des mondes. » : soi-même comme un autre ?
  • Un passage méditatif et philosophique : Le passage constitue une longue méditation sur la mort, qui présente un caractère général. En témoignent les phrases de portée générale et l'emploi du présent de vérité générale. Hadrien évoque sa propre mort, présentée comme imminente et presque désirée. Il évoque également la mort d'Antinoüs, l'homme qu'il aimait, et le deuil douloureux dont il a fait l'expérience. Il passe en revue les diverses croyances et conceptions de la mort qu'il a pu rencontrer : croyances égyptiennes, croyances romaines soutenues par les prêtres, théories de l'immortalité, conception épicurienne de la mort comme un néant. Aucune ne lui semble résoudre le mystère de la mort. Son expérience personnelle et son intuition philosophique ne peuvent se satisfaire de ces hypothèses. La réflexion philosophique est teintée de poésie, la mort étant évoquée par des métaphores et décrite comme une frontière temporelle.
  • Une réflexion sur la permanence de l'identité : Au terme de sa vie et de ses mémoires, Hadrien s'interroge sur les changements qui affectent son identité d'homme. Il s'étudie, s'observe et cette observation nourrit sa méditation sur la vie et la mort. Il rappelle des moments marquants de sa vie (enfance, deuil, campagnes militaires) et se désigne lui-même à la 3 e personne du singulier, s'observant donc de l'extérieur, comme un autre. Pour autant, il constate la permanence de son identité : les temps verbaux (passé et présent) rendent compte de cette permanence dans le changement (« Je suis ce que j'étais ») et il lui semble que le fondement de son être, évoqué de manière métaphorique, est inchangé en dépit des transformations purement extérieures et superficielles. Il lui semble même possible de vivre encore d'autres vies, dans un autre lui-même, qui, tout en étant autre, serait encore lui.

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Mémoires d’Hadrien, Yourcenar : analyse de l’œuvre

  • Anna Logacheva

À lire dans cet article :

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Les épreuves anticipées du baccalauréat de français arrivent à grands pas et tu n’es pas à l’aise avec chacune des œuvres au programme ? Pas de panique, nous sommes là pour t’accompagner dans la dure épreuve que sont les révisions. Dans ce nouvel article, tu trouveras une fiche de lecture résumant tout ce qu’il faut savoir sur les Mémoires d’Hadrien, œuvre de Yourcenar au programme cette année pour le baccalauréat de français. 

Mémoires d’Hadrien de Yourcenar, une œuvre à la croisée des genres

Roman historique ou mémoires de fiction,  Mémoires d’Hadrien  se présente comme une lettre autobiographique adressée par Hadrien au futur empereur Marc-Aurèle. Sachant que le paysage littéraire qui prévalait au cours des années 1950-1960 était influencé par le Nouveau Roman, révolutionnant les formes du roman traditionnel, Yourcenar semble opter, aux antipodes de ce modèle, pour une écriture classique. Puisant dans un passé révolu un questionnement larvé de la civilisation occidentale, la romancière retrace dans ces mémoires fictifs l’itinéraire d’Hadrien lors de son règne sur l’empire romain de 117 à 138. Quoique la dimension politique soit une pierre angulaire à l’édifice romanesque, la veine autobiographique scrute le tréfonds de l’âme, le sens de la vie, la méditation sur l’existence et la mort. Structuré autour de six parties, l’œuvre de Yourcenar appréhende le parcours d’Hadrien qui dresse le bilan de sa vie en y apportant l’éclairage de l’altérité. Le projet se décline, partant, en fonction d’une intention clairement énoncée puisque Hadrien confie le but de ses mémoires en ces termes : «  me définir, me juger […], me mieux connaître avant de mourir  ». Dans cette lettre ‘autobiographique’, l’empereur revient sur les étapes marquantes de sa vie : les études, la carrière militaire, les rencontres, les voyages, le pouvoir, l’amour et l’idée du suicide. L’inépuisable exploration, tant psychologique que philosophique, rend l’œuvre de Yourcenar inclassable, à la croisée des genres. 

1ère partie :Animula vagula blandula (Amelette, vaguelette calinette), Hadrien revient sur ses gouts et ses principes de vie. Il considère que l’écriture renoue avec un désir de connaissance de soi. 2ème partie : Varius Multiplex Multiformis (Varié, complexe, changeant), il est question du gout pour l’hellénisme, de la formation militaire et des guerres daciques. 3ème partie : Tellus stabilita (la terre retrouve son équilibre), le narrateur expose le processus de pacification et souligne l’idéal civilisateur qu’il prône. 4ème partie : Saeculum Aureum (l’Âge d’or), la passion amoureuse pour Antinoüs, jeune adolescent, est abordée sous l’angle de la mort.  5ème partie : Disciplina Augusta (discipline auguste), Hadrien évoque les activités politiques qu’il poursuit et les mesures qui accompagnent sa succession (adoption d’Antonin comme fils et de Marc-Aurèle comme petit-fils). 6ème partie : Patientia (patience), l’idée du suicide affleure Hadrien mais il n’y succombe pas puis résume son œuvre.

Lire aussi : La liste des oeuvres au programme du baccalauréat de français 2022

Problématisation des Mémoires d’Hadrien de Yourcenar

L’intérêt porté à l’autre dans  Mémoires d’Hadrien  place l’œuvre dans le sillage de la thématique du ‘moi comme un autre’ : la connaissance de soi passe alors indubitablement par la rencontre et par l’exploration de la différence. Ainsi, comment s’enchevêtrent l’histoire individuelle et l’histoire collective ? Quelle est alors la place impartie à l’altérité ? Quelles limites s’imposent à la connaissance de soi et par le truchement de quels procédés l’écriture romanesque pallie ces difficultés ?

L’intrication de l’individuel et du collectif dans les Mémoires d’Hadrien de Yourcenar

La découverte de soi met en jeu l’introspection et une réflexion sur les expériences de la vie de l’émetteur de la lettre, Hadrien. Ce dernier souscrit à l’influence qu’exerce le pouvoir sur le cours d’une existence tout en associant, partant, le destin individuel à l’histoire collective. Ce sont d’ailleurs les idéaux de justice, de tolérance et de modération qui justifient son opposition au règne de Trajan lequel préconisait la guerre, l’autorité et la conquête. Ainsi, de l’intrication entre l’individuel et le collectif semble découler une vision du monde centrée sur l’exercice du pouvoir. Cependant, opérant un renversement de perspective, l’empereur est conscient de la portée de ses actions qui se répercutent sur l’histoire collective. Complexe et hétéroclite, ce pan de l’histoire converge avec la nature propre du narrateur : «  le paysage de mes jours se compose de matériaux entassés pêle-mêle. J’y rencontre ma nature, déjà composite, formées en parties égales d’instinct et de culture  ». Par conséquent, l’aspect versatile des faits historiques est accolé à l’esprit du narrateur à son tour changeant et sujet à tous les hasards :  «ça et là, affleurent les granits de l’inévitable ; partout, les éboulements du hasard. Je m’efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan […] mais ce plan tout factice n’est qu’un trompe-l’œil du souvenir  ». 

Il importe alors, en vue de cerner l’interpénétration entre l’individuel et le collectif de remonter aux sources que fournissent les prédécesseurs : le père Aelius Hadrianus Afer et le grand-père Marullinus constituent les figures de proue de ce passé modelant l’esprit du jeune Hadrien : le grand-père forge une fantasmagorie qu’il tente d’insuffler à l’imaginaire d’Hadrien. Croyant aux astres, il se fie à eux pour prédire le cours des événements en annonçant le destin réservé à son petit-fils : «  il avait construit le thème de ma nativité. Une nuit, il vint à moi, me secoua pour me réveiller, et m’annonça l’empire du monde avec le même laconisme grondeur qu’il eût mis à prédire une bonne récolte aux gens de la ferme ».  De même, le père occupe une place de choix dans les mémoires puisqu’il influence en grande partie les croyances morales de son fils. Ceci incite Hadrien à énoncer que ses actes sont sa seule mesure «  et le seul moyen de [se] dessiner dans la mémoire des   hommes  ». En dépit de la moralité qui préside à toute action, l’empereur fait mention d’un ‘hiatus’ existant entre lui et ces actes, hiatus qu’il juge indéfinissable. C’est dans cette approche que la nécessité de sonder, d’explorer et d’interroger incessamment ses actes profondément ancrés dans l’histoire collective s’impose : «  Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indéfinissable. Et la preuve, c’est que j’éprouve sans cesse le besoin de les peser, de les expliquer, d’en rendre compte à moi-même  ». 

Dans un  premier temps, il est indéniable que l’individuel et le collectif se nourrissent mutuellement : eu égard de la dignité de l’empereur et de son statut, le collectif porte souvent la marque des actes d’Hadrien. Cependant, la connaissance de soi sollicite la question de l’altérité, paramètre sur lequel le narrateur s’attarde dans sa lettre. 

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‘Soi-même comme un autre’ ou les visages de l’altérité 

L’introspection et l’analyse psychologique et philosophique sont autant d’approches visant l’optimisation de la connaissance de soi dans les Mémoires d’Hadrien de Yourcenar. Toutefois, la méditation et la réflexion s’avèrent des processus lacunaires en l’absence de véritable rapport à autrui : ce dernier est tantôt l’amoureux (incarné par la figure d’Antoniüs) tantôt l’étranger qu’il croise lors de ses conquêtes. La rencontre de l’autre constitue donc le pilier majeur de la découverte de soi. Tout d’abord, l’amour est un thème central dans les mémoires mais seul l’amour éprouvé envers Antoniüs semble fondateur, comme si Hadrien agit en Pygmalion façonnant l’être aimé : «  Je n’ai encore rien dit de cette beauté visible et pourtant soumise au temps ; l’enfant a grandi, ce visage changeait comme si nuit et jour je l’avais sculpté  ». D’ailleurs, l’amour vécu auprès d’Antoniüs est associé à un  âge d’or qui dispensait l’empereur de toute souffrance : «  quand je me retourne vers ces années, je crois y retrouver l’Âge d’or. Tout était facile…  » ; C’est un amour bénéfique à l’esprit, procurant bonheur et plénitude «  ce calme si propice aux travaux et aux disciplines de l’esprit me semble l’un des plus beaux effets de l’amour  ». En revanche, la mort impose sa loi puisqu’elle ébranle l’empereur ; à son tour, il se prépare à sa mort au point d’envisager le suicide. La douleur de la perte incite Hadrien à fonder une ville en l’honneur de l’être cher et organise un culte autour de sa personne.  La figure de l’amoureux est alors l’un des visages de l’altérité qui conditionne la connaissance de soi ; dans un second temps, le mouvement comme corrélat du voyage dévoile au narrateur des connaissances qui le fascinent. L’interrogation sur l’autre trahit un désir de décloisonner le monde du savoir tout en jouissant d’une ouverture d’esprit susceptible d’enrayer la violence et l’obscurantisme : la sensibilité lyrique face à la beauté de ce monde exploré recoupe la fascination éprouvée par le narrateur. En évoquant les voyages méditerranéens, il avoue : «  ce fut l’une des cimes de ma vie. Rien n’y manqua, ni la frange dorée d’un nuage, ni les aigles, ni l’échanson d’immortalité  ». 

Une avidité de l’autre est perçue dans les mémoires : la fascination pour les barbares est un thème omniprésent dans l’œuvre de Yourcenar «   ». il est important de noter que les voyages et les déplacements d’Hadrien dans l’Empire révèlent sa volonté de faire le tour du monde. L’intention pourrait se résumer en ces termes : tout connaître pour mieux se connaître. Partant, l’empire s’apparente à une métaphore de l’âme d’Hadrien : les pérégrinations dans l’empire seraient alors l’exploration des limites de l’être. 

Limites de la connaissance de soi : les défis du dévoilement dans le roman Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar

Le projet autobiographique dans l’oeuvre  Memoires d’Hadrien  s’inscrit sous l’angle du dévoilement de soi moyennant la connaissance de l’autre. Quoique soucieux de se départir d’une certaine complaisance qui porterait atteinte à la véracité des faits et de la réflexion, divers écueils semblent entraver la découverte de soi. Sur ce, le moi est jugé complexe, insaisissable et changeant, comme en témoigne le titre de la deuxième partie. Dans cette lignée, Hadrien note : «  des personnages divers régnaient en moi tour à tour, aucun pour très longtemps mais le tyran tombé regagnait vite le pouvoir  ». En raison de l’aspect fuyant du moi, le narrateur se trouve confronté à une réalité obscure qu’il serait difficile d’appréhender : «  au plus profond, ma connaissance de moi-même est obscure, intérieure, informulée, secrète comme une complicité  ». Afin de remédier à cette condition, le narrateur privilégie la distanciation pour «  voir de plus loin et de plus haut ma vie qui devient alors la vie d’un autre  ». Ensuite, à cette première difficulté s’ajoute une deuxième qu’Hadrien impute à l’insincérité des livres, « mais ceux-ci mentent, et même les plus sincères ». Aux déficiences de la parole qui idéalise ou défigure la réalité, Hadrien s’acharne à substituer un discours vrai. Le véritable défi réside dans cette intention.

Conclusion : humanisme, pacifisme, tolérance 

Mémoires d’Hadrien  ambitionne une découverte de soi par le truchement de la rencontre de l’autre. Bien que l’œuvre relève de la fiction, elle se trouve imprégnée d’une dimension autobiographique cédant la parole à l’empereur Hadrien ; ce dernier s’évertue à démêler les fils qui paraissent bien intriqués, renvoyant simultanément au destin individuel du protagoniste et à l’histoire collective. Sans prétendre accéder au moi, changeant et versatile, il fait appel aux différentes figures de l’autre : passerelle entre le monde et la connaissance de soi, l’autre est tour à tour l’amoureux, l’étranger et le détenteur d’une culture nouvelle. C’est alors au prix d’une telle confrontation que se scelle l’exploration du moi. Cependant, le projet autobiographique, moyennant introspection et analyse psychologique ainsi que réflexion philosophique, dépend des enjeux de l’authenticité et de la véracité. L’écriture de Marguerite Yourcenar rend compte d’une sensibilité lyrique face à la beauté du monde tout en associant la narration à la réflexion philosophique. L’œuvre repose donc principalement sur une langue noble articulée en fonction des valeurs promues par le pacifisme et la modération. L’autre offre une possibilité d’échange, d’enrichissement culturel et de connaissance de soi. Loin de bannir la différence, l’empereur semble la cultiver, la rechercher. 

Pour aller plus loin dans tes révisions du bac de français, tu peux consulter ici , une vidéo où Marguerite Yourcenar revient sur son oeuvre les Les Mémoires d’Hadrien dans l’émission Apostrophes.

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Mémoires d'Hadrien de marguerite Yourcenar, résumé et analyse

Mémoires d'Hadrien  est un roman historique de Marguerite Yourcenar, publié en 1951. 

1. Résumé du roman

En l’année 138 après J.-C., l’empereur romain Hadrien, alors qu’il est condamné à une mort prochaine, saisit le prétexte d'une lettre adressée à son successeur Marc Aurèle pour rédiger son autobiographie mâtinée de préceptes éthiques et de maximes politiques. La première section des Mémoires (Varius, multiplex, multiformis) raconte les années d'apprentissage de ce jeune patricien d’origine hispanique, bientôt promu tribun dans la région du Haut Danube.

Après la mort de Nerva, Trajan devient empereur et envoie ce jeune homme prometteur, marié par convention à Sabine, en qualité de général en chef pour aller combattre les Sarmates en Pannonie. Son retour triomphal à Rome un an plus tard lui vaut le consulat puis la nomination en tant que légat de Syrie. Mais la campagne d’Asie a épuisé Trajan qui meurt en permettant à Hadrien d’accéder au pouvoir.

Son œuvre d’empereur débute par une négociation avec les Parthes : Hadrien dresse le bilan d'un règne centré sur le réta­blissement de la paix, fondé sur des réformes visant à civiliser et consolider l’Empire qu’il sillonne jusque sur ses marges (notam­ment en Bretagne où il édifie le fameux mur). La séquence s’achève par l’entrevue avec Osroès qui établit une paix durable (Tellus stabilita).

Sœculum aureum énonce dès son titre l’apogée de l’existence de l’empereur. S’ouvrant sur la mort de Plotine, l’épouse de Trajan qui fut son soutien permanent, la séquence évoque l’amour qui a lié Hadrien au bel Antinoüs. Des pages entières lui permettent de revivre ces moments euphoriques dont l’ascension du mont Etna symbolise la perfection, et qui se déchirent soudainement par le suicide de son amant.

Disciplina augusta inaugure alors la longue période de repli sur soi et du travail de deuil où l’empereur règle sa succession et parachève son œuvre publique, mise à mal par la révolte de Bar Kochba et la guerre de Judée, avant de se retirer dans sa villa pour méditer sur l’approche de la mort (Patientia).

2. Analyse 

► une œuvre de carrefours.

Du premier projet de 1924 à la publication en 1951, l’élabora­tion du roman s’étale sur presque trois décennies : c’est dire la longueur de maturation d’un projet qui a exigé une intimité exceptionnelle entre la romancière et son personnage, tout comme une érudition historique de premier ordre que manifeste la longue note énumérant, en fin d’ouvrage, les références scientifiques qui attestent la fidélité du portrait de l’empereur. Le texte qui en résulte constitue ainsi une sorte de sous-genre hybride mêlant roman et autobiographie, à la croisée de divers genres auxquels il emprunte sans pour autant se confondre avec eux : la lettre, le miroir des princes, le roman historique. Avec cette autobio­graphie fictive, volontairement éloignée des problèmes formels du roman pour se recentrer sur un champ éthique, Yourcenar invente un nouveau type romanesque, les mémoires apocryphes, entendant « refaire du dedans ce que les archéologues du xix c  siècle ont fait du dehors » ; par la sympathie, au sens étymologique, qu’elle voue à son personnage, par l’affirmation que « tout être qui a vécu l'aventure humaine est moi », elle légitime une entreprise consistant à raviver la figure d’Hadrien qui se fonde ainsi moins sur une identité que sur un rapprochement qui lui permet d'en interroger l’intériorité.

► Portrait d’un personnage seul

"Les dieux n'étant plus, et le Christ n'étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l'homme a été seul".

À partir de cette phrase de Flaubert, longuement méditée par Yourcenar, s’esquisse la tentative de montrer un être face à son destin, tentant d’y imprimer sa maîtrise entre Histoire et subjecti­vité. Les Mémoires nous présentent ainsi la vérité d’un homme dans sa nudité, et sa volonté de se saisir lui-même à la confluence de l’éro- tique et du deuil, par le truchement d’une « théorie du contact » qui lui permette un rapport immédiat à l’Autre. À partir de son propre exemple, Hadrien médite sur la condition humaine en s'élevant à des considérations d’ordre universel, par le truchement d’une écri­ture revêtant bien souvent le caractère de maximes. Ainsi sa réflexion doit-elle être comprise tout à la fois comme recherche per­sonnelle et jugement embrassant un cadre plus vaste. C’est pourquoi le destinataire du texte ne saurait simplement être Marc Aurèle ; c’est surtout Antinoüs, l’empereur lui-même, et plus largement les lecteurs contemporains, qui en sont les récepteurs.

► L’autobiographie en question

Comme pour tout autobiographe, il s’agit pour Hadrien de se connaître, de ressaisir dans le flux des événements de sa vie une ligne de force qui puisse lui conférer un ordre (c’est le sens de l’organisation en séquences) et, par là, un sens. De fait, l’ap­proche de la mort, point aveugle qui soutient la tension drama­tique du récit, rend urgente cette saisie qui se fonde dès l’abord contre les mémoires officiels. Car c’est la vérité intime du sujet et non son action extérieure, en lisière d’hagiographie, qui intéresse l’empereur. Or, on comprend que la mort d’Antinoüs, lieu central du récit, ne saurait finalement être objet de connaissance, mais seulement de compréhension : l’autre conserve une inaliénable liberté, de sorte que le but de l’autobiographie se trouve moins dans la poursuite d’une illusoire élucidation que dans le creusement du questionnement qui la fonde. Nul doute que l’on touche là à ce que d’aucuns ont nommé l’humanisme de Yourcenar, qui consiste ici à faire résonner dans le questionnement nocturne d'un homme du 11 e  siècle l’inquiétude mais aussi le bonheur d’être au monde qui échoit en partage à chacun.

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Mémoires d’Hadrien

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En 1951, Marguerite Yourcenar publie chez Plon un ouvrage en chantier sous différentes formes depuis environ un quart de siècle, auquel elle a travaillé de manière plus systématique depuis 1948:  Mémoires d’Hadrien , qui va lui assurer la célébrité. Elle y donne la parole à l’empereur romain  du second siècle de notre ère, qu’elle imagine écrivant une longue lettre au futur Marc Aurèle, qu’il a choisi comme héritier par-delà Antonin.

À l’issue de la seconde guerre mondiale, Marguerite Yourcenar croit à la possibilité d’une reconstruction équilibrée du monde. Elle établit un parallèle entre la guerre parthique de Trajan et la seconde guerre mondiale. De la même façon qu’après les glorieux échecs de Trajan Hadrien a reconstruit, de la même façon elle espère que le monde pourra retrouver équilibre et ordre harmonieux après les massacres de 1939-1945. Elle ne se tourne donc pas vers le passé pour oublier le présent, mais elle l’y retrouve, comme avec le mythe, décanté, dans sa dimension universelle.

Marguerite Yourcenar utilise de manière rigoureuse les sources antiques et les textes critiques pour donner de l’empereur une vision, qui, dans l’ensemble, est tout à fait vraisemblable et correspond, somme toute, à ce qu’une approche scientifique peut cerner du personnage historique, même si on décèle certaines affinités entre l’auteur et l’empereur : goût pour le beau, sens de l’indépendance, passion des voyages, bisexualité. Certains rapprochements sont dessinés avec le présent, de manière anachronique, mais c’est pour mieux souligner la parenté entre l’Antiquité et nous : ainsi Hadrien pense à un état à venir du monde, centré sur l’Occident, comme s’il pressentait cette Amérique qui ne sera découverte par les européens que plus d’un millénaire plus tard. Marguerite Yourcenar fait, en réalité, d’Hadrien l’incarnation d’une sagesse universelle : non seulement il représente un idéal de gouvernement éclairé et lucidement pacifique, mais encore, du point de vue individuel, la maîtrise de soi au milieu des malheurs de la vie, comme la mort d’Antinoüs ou la guerre de Judée. La sagesse d’Hadrien n’est pas une sagesse figée, mais une sagesse qui se conquiert : un « humanisme qui passe par l’abîme ».

  • Prépublication en revue
  • Publication en volume

«  Animula, vagula, blandula  »,  La Table Ronde , 43, juill. 1951, p. 71-84.

«  Tellus stabilitata  » [ sic ],  La Table Ronde , 45, sept. 1951, p. 36-59.

«  Varius, multiplex, multiformis  »,  La Table Ronde , 44, août 1951, p.94-118.

« Carnet de notes des  Mémoires d’Hadrien  »,  Mercure de France , 316, 1071, nov. 1952, p. 415-432.

« Comment j’ai écrit  Mémoires d’Hadrien  »,  Combat , 17 mai 1952.

Mémoires d’Hadrien , Paris, Plon, 1951, 319 p.

Mémoires d’Hadrien , Paris, Le Club du Meilleur Livre, 1953, coll. Le visage de l’histoire

Mémoires d’Hadrien , Paris, Plon, 1955, 319 p.

Mémoires d’Hadrien , Paris, Club des Librairies de France, 1956, coll. Fiction, 39.

Mémoires d’Hadrien , Paris, Le Livre de Poche, 1957, n° 221-222.

Mémoires d’Hadrien , Paris, Plon, 1958, 329 p. (avec Carnet de Notes)[éd.rév.].

Mémoires d’Hadrien , Lausanne, La Guilde du Livre, 1959, 256 p.

Mémoires d’Hadrien , Paris, Plon, 1962 (1966), 358 p., coll. Nouvelle Bibliothèque Française.

Mémoires d’Hadrien , Paris, Le Club Français du Livre, 1963, 289 p., coll. Romans, 282.

Mémoires d’Hadrien , Paris, Gallimard, 1971, 354 p. [éd. rév.].

Mémoires d’Hadrien , Paris, Le Livre de Poche, 1973, n° 221.

Mémoires d’Hadrien , Paris, Gallimard, 1973 (1974), coll. Blanche.

Mémoires d’Hadrien  ; suivi de « Carnets de notes de  Mémoires d’Hadrien  », Paris, Gallimard, 1977, 364 p., Folio, 921.

Mémoires d’Hadrien , Paris, Gallimard, 1980.

Mémoires d’Hadrien , Paris, France-Loisirs, 1981.

Mémoires d’Hadrien , in  Œuvres romanesques , Paris, Gallimard, 1982 (19882 ; 19913), 1243 p. La Pléiade, 303.

Traductions

« Memoriile lui Hadrian (fragment) »,  Steaua , vol. 27, n. 3, p. 42-44, 1976. [traduction d’un fragment de MH] Memórias de Adriano , traduction portugaise de Martha CALDERARO, appendice de Victor BURTON, Grande São Paolo, éd. Saraiva de Bolso, 2013, 320 p. Memoriile Lui Hadrian , traduction roumaine de Mihai GRAMATOPOL, Bucarest, Editura Humanitas, 2015, 296 p. Memórias de Adriano , traduction portugaise-brésilienne, Rio de Janeiro, éd. Nova Fronteira, coll. “Coleção 50 anos”, 2015, 296 p. Kejser Hadrians erindringer , traduction danoise de  Mémoires d’Hadrien , préface de Merete PRYDS HELLE, Aarhus, Rosinante, 2017, 288 p. Memórias De Adriano , traduction brésilienne-portugaise par Martha CALDERARO, présentation de Victor BURTON et préface de l’historienne Mary DEL PRIORE, Rio de Janeiro, Nova Fronteira, 2019, 312 p.

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Date de dernière mise à jour : 01/05/2023

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Mémoires de Trajan, mémoires d’Hadrien

Ce livre est recensé par

Mémoires de Trajan, mémoires d’Hadrien

Voici vingt-cinq façons de rendre compte des mémoires des empereurs romains Trajan et Hadrien (98-117 et 117-138 de notre ère). Elles nous offrent de multiples variations et angles d’approche pluridisciplinaires, et se placent sous le patronage illustre de l’œuvre de Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien (1951). Elles participent de surcroît à la commémoration des mille neuf-cents ans de la mort du vainqueur des Daces et des Parthes et de l’arrivée au pouvoir de son fils « adoptif », prince...

Twenty-five ways to account for the memories of the Roman emperors Trajan and Hadrian (98-117 and 117-138 BCE) offer us many variations and angles of multidisciplinary approach, and are placed under the illustrious patronage of Marguerite Yourcenar’s Mémoires d’Hadrien (1951).

Éditeur : Presses universitaires du Septentrion

Lieu d’édition : Villeneuve d'Ascq

Publication sur OpenEdition Books : 12 février 2020

ISBN numérique : 978-2-7574-3068-2

DOI : 10.4000/books.septentrion.92038

Collection : Histoire et civilisations

Année d’édition : 2020

ISBN (Édition imprimée) : 978-2-7574-3024-8

Nombre de pages : 530

Alban Gautier et Christine Hoët-van Cauwenberghe

Novella Lapini

Christelle Ansel

Françoise Lecocq

Christophe Batsch

Michèle Villetard

Caroline Blonce

Jean-Marc Doyen

Sylvain Destephen

Maria Kantiréa

Livia Capponi

Alessandro Galimberti et Marco Rizzi

Alban Gautier (trad.)

Étienne Wolff

Pere Maymó i Capdevila et Juan Antonio Jiménez Sánchez

Alban Gautier

André Descorps-Declère

Françoise Laurent

Martin Galinier

Édith Marcq

Cyrielle Landrea

Rémy Poignault

Alexandre Terneuil

Olivier Devillers

Christophe Hugot

Stéphane Benoist

Voici vingt-cinq façons de rendre compte des mémoires des empereurs romains Trajan et Hadrien (98-117 et 117-138 de notre ère). Elles nous offrent de multiples variations et angles d’approche pluridisciplinaires, et se placent sous le patronage illustre de l’œuvre de Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien (1951). Elles participent de surcroît à la commémoration des mille neuf-cents ans de la mort du vainqueur des Daces et des Parthes et de l’arrivée au pouvoir de son fils « adoptif », prince philhellène que la romancière avait élu, afin d’aborder les rapports entre mémoires humaines et Histoire. La littérature des périodes ancienne, médiévale, moderne et contemporaine est convoquée par les études ici rassemblées, tout autant que les arts et les nombreuses formes de représentations et illustrations des aventures humaines de ces deux princes placés naguère en tête de cet âge d’or de l’histoire romaine, le fameux siècle des Antonins, revisité depuis à toutes les époques qui se sont succédé.

Professeur d’Histoire romaine à l’Université de Lille, est spécialiste de la fin de l’époque républicaine et de l’époque impériale.

Professeur d’histoire du Moyen Âge à l’Université de Caen Normandie. Ses travaux portent sur les relations entre païens et chrétiens.

Maître de Conférences HDR en histoire romaine, spécialiste de la fin de la République et du Haut-Empire romain

Professeur de langue, littérature et civilisation latines à l’Université Clermont Auvergne, spécialiste de l’Antiquité dans la littérature

Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books . Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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Couverture Enkhuizen au xviiie siècle

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Le déclin d'une ville maritime hollandaise

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Couverture Les loteries royales dans l’Europe des Lumières

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Couverture Santé et travail à la mine

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xix e - xxi e  siècle

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Couverture La fabrique de l’urbanisme

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Les cités-jardins, entre France et Allemagne 1900-1924

Couverture Banque et identité commerciale. La Société générale (1864-2014)

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Hubert Bonin

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Acteurs et institutions éducatives dans les tourmentes guerrières ( xvii e - xx e  siècles)

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Couverture Bertha von Suttner 1843-1914

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Amazone de la paix

Marie-Claire Hoock-Demarle

Couverture La guerre de 1940

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Se battre, subir, se souvenir

Stefan Martens et Steffen Prauser (dir.)

Couverture Histoire de Boulogne-sur-Mer

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ville d’art et d’histoire

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Couverture Europe de papier

Europe de papier

Projets européens au xix e  siècle

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Stéphane Benoist, Anne Daguet-Gagey et Christine Hoët-van Cauwenberghe (dir.)

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La vie des autres

Histoire, prosopographie, biographie dans l’Empire romain

Stéphane Benoist et Christine Hoët-van Cauwenberghe (dir.)

Couverture Figures d’empire, fragments de mémoire

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Pouvoirs et identités dans le monde romain impérial (II e  s. av. n. è.–VI e  s. de. n. è.)

Couverture Sel et société

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Tome 2 : Santé, croyances et économie

Christine Hoët-van Cauwenberghe, Armelle Masse et Gilles Prilaux (dir.)

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Édition imprimée

Mots-clés : Empire romain , réception de l’Antiquité , enjeu mémoriel , récit et écriture de l’histoire , figure et représentation

Thèmes : Littératures , Histoire romaine

Ce livre est cité par

  • (2020) Liste des livres reçus au bureau de la rédaction. Revue historique , n° 695. DOI: 10.3917/rhis.203.0243

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Mémoires d’Hadrien, Yourcenar

  • Œuvres au programme
  • 1 Mémoires d’Hadrien, Yourcenar - Écrit
  • 2 Mémoires d’Hadrien, Yourcenar - Oral

Dans ce chapitre

introduction dissertation memoires d'hadrien

Mémoires d’Hadrien, Yourcenar - Écrit

Résumé pour l’écrit

Quelle est la date de publication des mémoires d’hadrien .

Il s’agit d’une œuvre récente, écrite en 1951. Ce roman a été écrit durant la deuxième moitié du XX e siècle, dans le contexte d’après-guerre .

Quel est le genre des Mémoires d’Hadrien ?

Ce livre est un roman . Il ne s’agit pas de mémoires, comme son titre le laisse à penser, car ce ne sont pas des écrits autobiographiques de l’Empereur. Il s’agit de mémoires imaginaires . Ce roman s’inscrit dans la lignée des fausses mémoires du XVIII e siècle, portant généralement sur un personnage de fiction. Au XVIII e siècle, l’auteur disait être en possession de mémoires découvertes par inadvertance . Dans le cas du roman de Marguerite Yourcenar, l’auteur a choisi de ne pas inclure au roman une préface dans laquelle elle expliquerait avoir découvert des mémoires. L’auteur s’adresse à la première personne, en endossant le rôle d’un personnage historique, celui de l’Empereur romain Hadrien. On peut considérer ce roman comme un écrit sur soi puisque l’auteur emprunte au genre littéraire des mémoires. Ce roman est un roman historique pour lequel Marguerite Yourcenar s’est beaucoup documentée sur la période antique .

Qui a écrit les Mémoires d’Hadrien ?

Marguerite Yourcenar était une écrivaine romancière et nouvelliste. Elle a été académicienne . Marguerite Yourcenar est l’une des premières femmes à entrer à l’Académie française grâce à ses qualités littéraires. Ses deux romans les plus célèbres sont Mémoires d’Hadrien , connu internationalement, et L’Œuvre au noir , autre roman historique sur la vie d’un alchimiste.

De quel mouvement relève les Mémoires d’Hadrien ?

Marguerite Yourcenar ne se rattache à aucun mouvement littéraire de son époque. Au XX e siècle, les mouvements littéraires sont moins définis . L’un des mouvements en lien avec ce roman est le nouveau roman , auquel Marguerite Yourcenar n’appartient pas. En revanche, on peut rapprocher son écriture à d’autres auteurs tels que :

– Marcel Schwob , auteur du XIX e siècle, proche du mouvement symboliste. Il a écrit dans Vies imaginaires, la vie de personnages fictifs et historiques, sous forme de nouvelles.

– Pierre Michon , auteur du XXI e siècle. Il a écrit l’œuvre Vies minuscules dans laquelle il raconte la vie de personnages fictifs en y incorporant une dimension historique.

Quelles sont les thématiques abordées dans les Mémoires d’Hadrien ?

Ce roman raconte, à la première personne, les mémoires de l’Empereur romain Hadrien, à la fin de sa vie, pour son successeur Marc-Aurèle.

– La sagesse est une des thématiques centrales du roman. Hadrien raconte ses réflexions sur la mort et le sens de l’existence, en regardant sa propre vie.

– La philosophie est également importante car Marc-Aurèle, à qui sont destinées ces mémoires, est un empereur et un philosophe appartenant au courant stoïcien.

– L’endurance face à la souffrance est un thème dominant du roman en raison de la maladie d’Hadrien. Ce thème fait écho au précédent puisque le stoïcisme est un courant de pensée philosophique encourageant à supporter la souffrance.

Marguerite Yourcenar a utilisé les écrits de Marc-Aurèle pour écrire ces mémoires et c’est pourquoi on les retrouve dans les centres d’intérêt de cet Empereur.

Il s’agit de la dernière phrase du roman : « Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts »

Cette phrase désigne la conscience d’Hadrien devant la mort.

Pour approfondir le contexte dans lequel se déroule le roman, il est possible de rapprocher cet ouvrage à d’autres textes :

– Les Essais de Montaigne, livre dans lequel l’auteur regarde en arrière et s’interroge sur les mêmes thématiques.

– Les Pensées de Marc-Aurèle, véritables mémoires de l’Empereur romain succédant à Hadrien.

– Dans le film Gladiator de Ridley Scott, sorti en 2000, le personnage de Marc-Aurèle est l’Empereur contrôlant les gladiateurs.

Mémoires d’Hadrien, Yourcenar - Oral

Questions pour l’oral

Qui est l’empereur hadrien .

Il s’agit d’une question de connaissances historiques de l’histoire antique. Dans ce roman, il est le narrateur et s’exprime à la première personne. Hadrien est un empereur romain du I er siècle après J.-C . Dans l’Empire romain, la langue officielle est le latin. Hadrien est connu pour avoir écrit son autobiographie, toutefois il n’en reste aucune trace. C’est pour cela que Marguerite Yourcenar a décidé d’écrire ses mémoires. Hadrien était respecté pour avoir été un bon gouverneur, à l’inverse de l’Empereur Néron. Il est à l’origine d’une politique de pacification entre les différentes colonies romaines. Il se distingue de son prédécesseur, l’Empereur Trajan,   dont   la volonté expansionniste a mené à une période de troubles. L’Empereur Hadrien s’est également distingué par son philhellénisme et son désir de privilégier les cultes des dieux grecs plutôt que les cultes de divinités égyptiennes qui se développent à l’époque. L’Empereur Hadrien est donc un empereur important, à l’image positive. Il s’agit d’un homme lettré puisqu’Hadrien a étudié l’art de la rhétorique et écrivait de la poésie. De ses écrits, les historiens ont retrouvé un quatrain d’un poème écrit par Hadrien et que Marguerite Yourcenar utilise en ouverture de ses chapitres.

Quel est le mouvement philosophique au centre du roman ?

Il s’agit également d’une question de culture générale. Le mouvement philosophique au centre du roman est le stoïcisme . Marguerite Yourcenar utilise ce courant de pensée philosophique dans son roman car Marc-Aurèle , successeur d’Hadrien et personnage historique à qui s’adressent ces mémoires, était un stoïcien. Marc-Aurèle a écrit son autobiographie appelée Les Pensées . L’Empereur Hadrien, tel que le présente l’auteur, est également proche du courant de pensées stoïcien. Le stoïcisme, fondé par le penseur grec Zénon, prône le renoncement aux passions humaines afin d’atteindre un état d’harmonie avec la nature et d’accéder à la sagesse. Ce courant s’apparente donc à une forme d’ascétisme strict. Hadrien, comme le présente Yourcenar dans ce roman, est malade au moment où il écrit ses mémoires, et le stoïcisme lui permet de résister à la souffrance que la maladie lui cause. Le stoïcisme est un courant permettant à l’homme, en se détachant de sa condition de mortel, d’atteindre la sagesse et d’appréhender la mort avec une certaine sérénité.

Que pensez-vous de l’attitude d’Hadrien face à la mort ?

Hadrien est serein face à la mort qui l’attend, notamment grâce à sa compréhension de la pensée stoïcienne. Il est ne cherche pas à l’éviter, conscient qu’elle l’attend. Il est prêt à l’affronter comme l’indique la dernière phrase du roman « Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts ». Tout au long du roman, Hadrien fait le bilan de sa vie pour mesurer le poids de ses actions, en toute honnêteté. Hadrien est donc courageux face à la mort qui l’attend.

À quel autre roman vous fait penser cette œuvre ?

Plusieurs choix s’offrent à vous. Ce roman peut être comparé à un autre roman de l’auteur intitulé L’ Œ uvre au noir , roman historique publié en 1968 et pour lequel Marguerite Yourcenar à reçu le prix Femina la même année, racontant la vie d’un alchimiste fictif du nom de Zénon au XVI e siècle. L’alchimie, ancêtre de la chimie, est perçue aujourd’hui comme une forme de science occulte, dont l’un des buts est de permettre la transformation des métaux ordinaires en or. Ce savoir perdu apparaît dès l’Antiquité.

Le roman Mémoires d’Hadrien peut aussi être rapproché d’autres romans autobiographiques ou biographiques. Par exemple, il existe au XVIII e siècle des mémoires de fiction comme l’œuvre de Marivaux La Vie de Marianne . Il est possible aussi de citer les nouvelles de Marcel Shwob et de Pierre Michon, tous deux auteurs ayant écrit des autobiographies de fiction accompagnées d’un contexte historique réel.

Quels sont les thèmes abordés par ce roman ?

Les thèmes du roman sont multiples. Le courant de pensée stoïcien en fait partie. D’autre part, le thème du temps qui passe , de la nostalgie, et le rapport au corps qui en émane. Dans la philosophie grecque, le corps devient un tombeau à la fin de la vie d’un homme, idée reprise par Marguerite Yourcenar. Le thème de l’ amour est également important dans le roman. Hadrien a connu une histoire d’amour avec un favori dont il déplore la perte dans le roman. Marguerite Yourcenar met aussi en lien l’homme et l’animal avec le thème de la chasse . Hadrien parle durant le roman de ses chiens et chevaux par exemple, de son végétarisme. La réponse peut donc être argumentée avec divers éléments du roman mais le thème prédominant reste la question de la mort et du rapport à la vieillesse .

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Mémoires d’Hadrien, incipit : explication linéaire

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mémoires d'hadrien incipit

L’extrait étudié est le premier paragraphe, du début du roman (« Mon cher Marc ») à « et j’ai soixante ans ».

Mémoires d’Hadrien, incipit, introduction

Marguerite Yourcenar publie Mémoires d’Hadrien en 1951 , soit 6 ans seulement après le cataclysme de la deuxième guerre mondiale, la révélation de la Shoah et l’explosion des bombes atomiques à Hiroshima et Nagazaki en 1945.

Cette crise de conscience européenne conduit Marguerite Yourcenar à revisiter les racines de l’Europe à travers le personnage de l’ empereur Hadrien qui, à l’article de la mort, opère un retour sur sa vie .

(Voir mon résumé et analyse de Mémoires d’Hadrien )

Problématique :

En quoi cet incipit de Mémoires d’Hadrien prépare-t-il le lecteur à un texte pluriel et aux thèmes principaux du roman ?

Annonce de plan linéaire :

L’incipit de Mémoires d’Hadrien s’inscrit dans un roman épistolaire mais on comprend très vite que Marguerite Yourcenar ne veut pas se laisser enfermer dans un genre prédéfini (I).

Elle choisit un genre littéraire qui lui permet d’explorer dès les premières phrases les thèmes clés de l’œuvre : la réflexion sur le pouvoir (II) et sur la mort (III).

I – Le genre littéraire : un texte pluriel

(de «  mon cher marc  » à «  pour les premières heures de la matinée « ), a – un roman épistolaire .

Le roman commence sur une forme épistolaire (= forme de la lettre) comme le montre la formule d’appel «  Mon cher Marc  » et le contexte d’écriture («  ce matin « ).

Il s’agit donc d’un échange épistolaire entre l’empereur Hadrien et le jeune Marc-Aurèle, futur Empereur ( de 161 à 180).

Néanmoins, Marguerite Yourcenar ne se laisse pas enfermer dans ce modèle dans la suite du roman.

On observe d’ailleurs qu’elle donne une tonalité contemporaine à cet échange en employant une formulation moderne, «  Mon cher Marc  » , alors qu’une formule d’appel en latin aurait dû être « Hadrien salue son cher Marc Aurèle ».

Par cette adresse moderne à Marc-Aurèle, Yourcenar semble souligner que son récit est un roman épistolaire fictif .

B – Un roman autobiographique ?

Le narrateur, l’empereur Hadrien, amorce une narration de nature autobiographique comme le montre le passé composé «  Je suis descendu ce matin chez mon médecin Hermogène  ».

Les compléments circonstanciels de temps et de lieu («  qui vient de rentrer à la Villa après un assez long voyage en Asie  ») placent le récit sous le signe de la circonstance et de la précision factuelle .

Cette narration autobiographique crée une complicité entre Hadrien et Marc-Aurèle, mais aussi une complicité avec le lecteur à qui sont livrées des anecdotes intimes .

C – Un roman historique ?

Les nombreuses références historiques rapprochent également ce récit du roman historique.

Hermogène de Smyrne est un médecin fameux du Ier siècle après J.-C.. Sa période d’activité est vraisemblablement légèrement antérieur à la période de maladie de l’Empereur Hadrien (138).

Le champ lexical de la médecine («  examen  », «  corps  », «  hydropisie  du cœur  », «  toussé  », «  respiré  », «  mal  ») et la maladie évoquée correspond bien à celle qui a emporté l’Empereur Hadrien, signe que l’auteur s’appuie sur des éléments historiques avérés.

Cet incipit de Mémoires d’Hadrien joue donc sur le genre du texte et entraîne le lecteur dans un roman pluriel constitué d’un jeu de pistes: il commence comme un roman épistolaire, glisse vers un roman autobiographique et semble vouloir rejoindre le roman historique.

II – Une réflexion sur le pouvoir

(de «  je me suis couché  » à «  qui finira par dévorer son maître « ), a – un empereur dépouillé de sa puissance, (de «  je me suis couché  » à «  s’apprête à mourir d’une hydropisie du coeur « ).

La répétition de la première personne du singulier montre la centralité du moi impérial qui correspond bien au culte de l’empereur en fin de règne : «  Je me suis couché sur un lit après m ’être dépouillé de mon manteau et de ma tunique  ».

Le manteau et la tunique sont des symboles du pouvoir romain, mais Hadrien les retire («  après m’être dépouillé de mon manteau et de ma tunique « ) : il apparaît ainsi symboliquement dépouillé de sa puissance .

C’est une stratégie paradoxale que de débuter le récit par un empereur romain affaibli comme le suggère le champ lexical de la maladie : «  courir  », «  mourir  », «  hydropisie  », «  progrès si rapide du mal  ».

Il s’agit pour Marguerite Yourcenar de décontenancer le lecteur. Nous sommes au moment dramatique et impensable de la déchéance d’un empereur romain.

Mais c’est aussi la proximité de la mort qui justifie le projet d’écriture : Hadrien «  s’apprête à mourir d’une hydropisie du coeur « , il prend donc le temps d’une introspection pour revenir sur les étapes de sa vie.

B – Une introspection face à la mort

(de «  disons seulement que j’ai toussé  » à «  qui finira par dévorer son maître « ).

L’introspection de l’empereur Hadrien est aussi pour Marguerite Yourcenar l’occasion de mettre en scène le rapport universel de l’homme à la mort.

La tournure impersonnelle «  Il est difficile  » souligne l’effacement d’Hadrien qui cherche à tirer de son expérience un enseignement. Hadrien fait de son expérience un exemple pour le jeune Marc-Aurèle.

La recherche de la vérité est perceptible dans le présent de vérité générale («  ce corps (…) n’est qu’un monstre sournois « ) et la vocabulaire abstrait («  l’idée « , «  mon âme « ).

Cette recherche de la vérité se retrouve aussi dans la structure syntaxique de la phrase : «  Disons seulement que j’ai toussé, respiré et retenu mon souffle selon les indications d’Hermogène, alarmé malgré lui (…) et prêt à en rejeter (…) . » Cette phrase sans cesse expansée par des compléments circonstanciels donne l’impression que le narrateur essaie de saisir l’éternité et la vérité dans ce moment de face à face avec la maladie.

C’est aussi la condition d’Empereur qu’Hadrien interroge dans le texte.

Le champ lexical du corps « un monceau d’humeurs », «  amalgame  »,«  lymphe  », «  sang  » ramène l’Empereur à sa condition de mortel voire de machine.

Loin du charisme des Empereurs,  Hadrien s’apprête à mourir sans combattre, sans héroïsme, vaincu par la maladie.

On observe une métaphore filée entre l’armée et le corps humain à travers le champ lexical de la camaraderie pour évoquer l’organisme : «  fidèle  », «  compagnon  », «  ami  », «  sûr  », «  bien servi  » – plus loin.

Cette métaphore donne une vision ordonnée de l’homme où l’âme est le général et le corps le fidèle soldat .

La maladie est alors vue comme une mutinerie du corps, un facteur de désordre de l’organisme harmonieux comme le montre le champ lexical de la traîtrise «  monstre  », «  sournois  », «  dévorer  ».

III – Une philosophie stoïcienne

(de «  paix…  » à «  et j’ai soixante ans « ).

Le dernier passage de cet incipit montre qu’Hadrien adopte une approche stoïcienne face à la mort.

 A – La recherche de la paix de l’âme

(de «  paix…  » à «  je ne lui marchande pas les soins nécessaires « )..

La phrase nominale «  Paix… » met symboliquement fin à la guerre intérieure pour revenir à une image de paix et de sagesse.

La vie politique de l’empereur Hadrien a été consacrée à la pacification de l’Empire Romain : le substantif « Paix » est son maître mot.

A l’image de la pacification de l’empire, l’empereur ne se laisse pas emporter par la guerre intérieure et la division : il pacifie également son esprit .

La proposition «  J’aime mon corps  » par sa simplicité syntaxique et son efficace brièveté impose la paix intérieure et fait advenir la sagesse .

B – Les limites de la médecine

(de «  mais je ne compte plus  » à «  et j’ai soixante ans « ).

Hadrien se montre sceptique à l’égard de la médecine.

Certes, il fait un portrait élogieux du médecin comme le montre le champ lexical de la vertu  : «  fin  », «  serviteur  », « savant  », «  sage  », «  probité  » . Hermogène incarne la sagesse grecque à qui Hadrien rend hommage.

Mais Hadrien reste lucide face aux pouvoirs de la médecine.

Les hyperboles «  les vertus merveilleuses des plantes « , «  le dosage exact de sels minéraux  » soulignent le scepticisme de l’empereur qui sait que la médecine ne peut pas dépasser les contraintes de la nature.

L’antithèse entre les adjectifs « merveilleux » et « exact » montre les paradoxes de la médecine : tout n’y est pas rationnel.

L’empereur préfère adopter une philosophie stoïcienne : il accepte avec sagesse les contraintes du corps comme le soulignent les négations : «  Mais je ne compte plus… « , «  Mais nul ne peut dépasser les limites prescrites « .

Dans cette phrase, «  Mais nul ne peut dépasser les limites prescrites « , le pronom indéfini « nul », le présent de vérité générale , et le terme très stoïcien « limites » donne une dimension philosophique à cette lettre.

On se rappelle que la lettre s’adresse à Marc-Aurèle , futur empereur et futur auteur de Pensées pour moi-même , œuvre stoïcienne. L’Empereur Hadrien, par sa lettre, semble semer les premières graines de la philosophie stoïcienne à venir de Marc-Aurèle.

C – L’acceptation du tragique de la vie

(de «  j’aurai pour lot  » à «  et j’ai soixante ans « ).

Fort de cette philosophie stoïcienne, l’empereur Hadrien accepte avec lucidité le tragique de l’existence.

Le substantif « lot »  («  j’aurai pour lot d’être le plus soigné des malades  » ) fait référence au fatum et à la force du destin qui conduit les individus.

La forme négative («  ne peut dépasser  », «  ne me soutiennent plus  ») ainsi que les «  jambes enflées  » qui suggèrent le poids, dessinent le monde clos du tragique auquel fait écho l’expression «  je suffoque  » .

L’hyperbate (figure de style prolongeant une phrase que l’on pensait terminée) «  et j’ai soixante ans  » donne une impression de clôture inéluctable , soulignant que les années dictent leur loi à tous les hommes y compris aux empereurs les plus puissants.

Mémoires d’Hadrien, incipit, conclusion

L’incipit de Mémoires d’Hadrien promet au lecteur un texte-kaléidoscope par son genre . En quelques lignes, nous lisons une lettre, un épisode autobiographique, un texte historique, une introspection et un texte philosophique.

Cet incipit permet d’ouvrir sur les grand thèmes du roman de Marguerite Yourcenar : la réflexion sur le pouvoir et le rapport à la mort .

Cette exploration des genres littéraires permet d’ explorer l’âme européenne sous tous ces angles, une âme européenne sur lesquels les auteurs s’interrogent après le fracas de la deuxième guerre mondiale comme le fera également Albert Camus dans l’Etranger .

Tu étudies Mémoires d’Hadrien ? Regarde aussi :

♦ Mémoires d’Hadrien, excipit (fin du roman) [lecture linéaire]

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5 commentaires

Bonjour Amélie, Tout d’abord merci pour cette explication linéaire très claire ! J’ai une petite question cependant : ma professeure de français ne nous a pas proposé d’ouverture, et nous n’avons pas étudié celle que vous proposez (L’Etranger de Camus). Serait-il possible d’en proposer une autre, ou une ouverture sur le livre de Yourcenar ? Merci, joyeuses Pâques… 🙂

Bonjour Amélie, en fait j’ai un DM à faire sur Mémoire d’Hadrien. La question est la suivante: En quoi cet extrait révèle-t-il de l’oratio togata? »extrait de Mon cher Marc à j’ai soixante ans ». J’ai pas compris qu’est ce que ça veut dire oratio togata. MERCI!!

Bonjour, en fait j’ai une question à vous poser? j’ai un dm à faire à propos de l’icipit de Mémoire d’Hadrien la question est la suivante « En quoi l’extrait de cet incipit révèle-t-il l’oratio ogata »? cest l’extrait de Mon cher Marc à J’ai soixante ans. J’ai pas compris ce que veut dire « oratio ogota »? Merci d’avance!!

Bonjour Amélie,

Je crois qu’il manque la sous-partie B du II, dans la lecture linéaire de Mémoires d’Hadrien, ci-dessus. Merci pour tes efforts. 🙂

Bonjour Nacer, Merci pour ton message. En fait, il s’agit d’un B et non d’un C dans le II (la deuxième partie ne comporte que deux sous-parties) : je viens de le corriger !

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Marguerite Yourcenar, Mémoires d'Hadrien (1951)

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Mémoires d'Hadrien de Yourcenar, 1951, incipit

Par M_bnz   •  14 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  1 248 Mots (5 Pages)  •  1 050 Vues

Texte 1 : Mémoires d’Hadrien , Yourcenar, 1951 ( Animula vagula   blandula ).  

Incipit, visite chez son médecin Hermogène.

Introduction.  

  Marguerite Yourcenar est une autrice du XXe siècle. Elle est initiée très tôt à la  littérature, au théâtre, au grec ou encore au latin. Elle porte un intérêt particulier pour  l’histoire de la Grèce. Cette fascination est née de ses voyages et, notamment, de sa visite  de la villa Adriana, une villa antique bâtie par l’empereur Hadrien au IIe siècle. Dès lors,  elle entreprendra un long travail de documentation sur ce personnage, qui aboutira à la  rédaction de son roman historique, sous la forme d’une lettre fictive, Mémoires  d’Hadrien , publié en 1951. L’extrait dont nous allons parler est l’incipit du roman. Il  appartient au premier chapitre, « Petite âme errante, accueillante, petite âme vagabonde  et câline ». C’est donc le début de la lettre qu’Hadrien adresse à son successeur Marc  Aurèle et dans laquelle le lecteur découvre le personnage. Hadrien est mourant et fait un  compte-rendu de sa visite chez son médecin Hermogène. [Lecture] On peut alors se  demander comment Yourcenar parvient-elle à intéresser le lecteur au travers de cet  incipit ? Nous verrons dans un premier temps comment nous est présentée la déchéance  d’un homme puis, dans un second temps, de quelle manière a lieu le retour en force de  l’Empereur. Pour cela, nous procèderons grâce à une analyse linéaire progressive de cet  extrait.

I- La déchéance de l’homme.  

La lettre commence avec la formule d’interpellation « Mon cher Marc ». La lettre n’étant  pas adressée directement au lecteur, cela attise sa curiosité. De plus, il n’y a ni date ni  lieu, cela apporte une notion d’universalité, le lecteur se sent concerné.

« Je suis descendu ce matin chez mon médecin Hermogène », dans cette première  phrase, on retrouve le verbe d’action « descendre » : l’action est ainsi effectuée par  l’empereur lui-même, il fait l’effort de se rendre chez son médecin et non l’inverse. C’est  une preuve d’humilité, de son égalité face aux autres hommes, donc face au lecteur. Cela  permet de nous rapprocher de lui en s’identifiant car le récit s’installe avec une situation  simple que l’on a tous déjà vécu.

Dans la proposition indépendante « L’examen devait se faire à jeun », l’empereur se plie  aux impératifs médicaux, il doit obéir aux mêmes lois que les autres. Cela désacralise  l’empereur et crée une proximité avec le lecteur.

Cette idée est reprise avec « nous avions pris rendez-vous » : il s’efface derrière  l’autorité médicale.

Ces deux propositions indépendantes sont juxtaposées, par « : », ce qui marque la  volonté de neutralité, d’objectivité. Cette simplicité de la syntaxe traduit un

raisonnement clair, droit et concis. Cette froideur chez Hadrien peut surprendre le  lecteur car il ne cherche pas à se valoriser mais bien à se montrer tel qu’il est vraiment.

Dans la phrase « après m’être dépouillé de mon manteau », le participe passé « dépouillé » évoque sa vulnérabilité.

Les expressions « Je suis descendu ce matin chez mon médecin », « Je me suis couché sur  un lit » sont révélatrices de sa faiblesse en renforçant cette idée de déchéance.

L’énumération de verbes d’action « j’ai toussé, respiré et retenu mon souffle » mime son  agonie.

La phrase simple « Il est difficile de rester empereur en présence d’un médecin » est à la  tournure impersonnelle et est employée comme une généralité. Cela marque une  progression vers le lecteur, Hadrien est d’abord un être humain. C’est également une  rupture dans le récit avec cette réflexion à portée générale.

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COMMENTS

  1. Dissertation sur Mémoires d'Hadrien

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  2. Mémoires d Hadrien, Yourcenar : fiche de lecture pour le bac

    Voici un résumé et une fiche de lecture de Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar. Marguerite Yourcenar publie les Mémoires d'Hadrien en 1951, six ans après la fin de la deuxième guerre mondiale et la découverte de la barbarie nazie, à un moment où l'Occident s'interrogesur les fondements de sa civilisation.

  3. Mémoires d'Hadrien

    Introduction. Cet article, écrit en préparation d'un cours portant sur le programme de 1ère pour l'épreuve anticipée de Français du Baccalauréat 2021, est né d'une résistance particulière du texte des Mémoires d'Hadrien au regard de la problématique du parcours associé à cette œuvre.. Ce parcours s'intitule : « Soi-même comme un autre ».

  4. Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar

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  5. Dissertation sur les Mémoires d'Hadrien de Yourcenar, bac 2022

    Antilles-Guyane. Sujet 1 = Corrigé 1. Dissertation sur les Mémoires d'Hadrien,Yourcenar, oeuvre au bac 2022- objet d'étude, le roman, au programme au bac de français 2022 bac général - « Le roman, c'est la fraternité on se met dans la peau des autres «Romain Gary la première fonction d'un roman est-elle de nous faire comprendre la vie ...

  6. Mémoires d'Hadrien, Yourcenar : analyse de l'œuvre

    Mémoires d'Hadrien de Yourcenar, une œuvre à la croisée des genres. Roman historique ou mémoires de fiction, Mémoires d'Hadrien se présente comme une lettre autobiographique adressée par Hadrien au futur empereur Marc-Aurèle. Sachant que le paysage littéraire qui prévalait au cours des années 1950-1960 était influencé par le ...

  7. Introduction/Présentation

    En français dans le texte Émission diffusée le 8 mai 2021 Objet d'étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Parcours : soi-même comme un autre. Œuvre : Marguerite Yourcenar, Mémoires d'Hadrien Pour les classes de première de la voie générale.

  8. Mémoires d'Hadrien, Yourcenar, excipit : analyse linéaire

    Mémoires d'Hadrien, excipit, introduction. Le roman Mémoires d'Hadrien se présente comme les mémoires fictives adressée par Hadrien au futur empereur Marc-Aurèle. Dans ce roman épistolaire et historique, l'empereur Hadrien porte un regard rétrospectif sur sa vie pour mieux en saisir l'unité et atteindre la connaissance de soi.

  9. PDF Mémoires d'Hadrien

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  10. Dissertation sur Mémoires d'Hadrien Yourcenar programme 2022

    Dissertation. Dissertation sur les Mémoires d'Hadrien,Yourcenar, oeuvre au bac 2022- objet d'étude, le roman, au programme au bac de français 2022 bac général - « Le roman, c'est la fraternité on se met dans la peau des autres «Romain Gary la première fonction d'un roman est-elle de nous faire comprendre la vie des autres.

  11. Mémoires d'Hadrien de marguerite Yourcenar, résumé et analyse

    Mémoires d'Hadrien est un roman historique de Marguerite Yourcenar, publié en 1951.. 1. Résumé du roman. En l'année 138 après J.-C., l'empereur romain Hadrien, alors qu'il est condamné à une mort prochaine, saisit le prétexte d'une lettre adressée à son successeur Marc Aurèle pour rédiger son autobiographie mâtinée de préceptes éthiques et de maximes politiques.

  12. Mémoires d'Hadrien

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  13. Disserter sur une oeuvre intégrale Yourcenar : "Mémoires d'Hadrien", 3

    Dissertation sur les Mémoires d'Hadrien,Yourcenar, oeuvre au bac 2022- objet d'étude, le roman, au programme au bac de français 2022 bac général - « Le roman, c'est la fraternité on se met dans la peau des autres «Romain Gary la première fonction d'un roman est-elle de nous faire comprendre la vie des autres

  14. Mémoires d'Hadrien

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  17. Memoirs of Hadrian : Yourcenar, Marguerite

    Translation of Mémoires d'Hadrien Access-restricted-item true Addeddate 2009-09-02 19:38:03 Boxid IA101920 Camera Canon 5D Donor newcollege External-identifier urn:oclc:record:1036702131 urn:lcp:memoirsofhadrianyourrich:lcpdf:dd5cd9e0-7259-4573-8aad-2578ad59e343 ...

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    Recherche parmi 299 000+ dissertations. Par delfinette • 17 Mars 2022 • Dissertation • 5 362 Mots (22 Pages) • 546 Vues. Page 1 sur 22. Correction Yourcenar. Introduction. Mémoires d'Hadrien expose les différentes facettes d'un même personnage : prince, voyageur, lettré et amant. Mais si l'on observe la répartition du livre ...

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    Mémoires D'Hadrien by Marguerite Yourcenar. Publication date 1951-01-01 Publisher Le livre de poche Collection internetarchivebooks; inlibrary; printdisabled Contributor Internet Archive Language English Item Size 890151356. Notes. inherent some pages are damage. Access-restricted-item true

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  23. PDF Carnets De Notes De Mémoires D'Hadrien : Dix Citations Utiles Pour Une

    Hadrien pouvait parler de sa vie plus fermement et plus subtilement que moi. (p. 330) 7. Tout nous échappe, et tous, et nous-mêmes. La vie de mon père m'est plus inconnue que celle d'Hadrien. Ma propre existence, si j'avais à l'écrire, serait reconstituée par moi du dehors, péniblement, comme celle d'un autre. (p. 331) 8.